Quatre ans après les dégâts provoqués par le tsunami, les récifs coraliens d'Indonésie se reconstituent plus rapidement que prévu, aidés par la baisse de la pêche illégale, selon une étude scientifique américaine dont les résultats ont été publiés fin décembre.

Des scientifiques de la Société de préservation de la faune et de la flore (WCS), basée à New York, travaillant avec le gouvernement indonésien et le Centre d'excellence pour l'étude des récifs coraliens au sein du Conseil australien de la recherche (ARC), ont expliqué que l'étude de 60 sites le long de 800 kilomètres de c'tes de la province indonésienne d'Aceh a montré que les récifs se développaient à nouveau et reprennaient des couleurs.

«Pour le quatrième anniversaire du tsunami, c'est une belle histoire de la résilience et de la guérison d'un écosystème», souligne le Dr Stuart Campbell, coordinateur du Programme marin indonésien de la Société américaine.

Des enquêtes peu après le tsunami du 26 décembre 2004 (230 000 morts sur les rivages de l'Océan Indien, dont plus de la moitié en Indonésie) avaient établi que jusqu'à un tiers des récifs coraliens avaient été endommagés en Indonésie, en Thaïlande, en Inde et au Sri Lanka. Les experts avaient prédit qu'une dizaine d'années seraient nécessaires pour qu'ils se reconstituent entièrement, en fonction des efforts faits pour contr'ler la pêche illégale, la pollution et le développement c'tier.

«Notre surveillance scientifique montre une croissance rapide de jeunes coraux dans les zones où le tsunami avait provoqué des dégâts, ainsi que le retour de nouvelles générations de coraux dans les lieux auparavant frappés par une pêche destructrice», ajoute le Dr Campbell. «Ces découvertes permettent d'envisager de nouvelles pistes dans les processus de reconstitution du corail qui pourront nous aider à préserver les récifs face aux changements climatiques».

Dans la province d'Aceh, les habitants ont répondu aux appels de la protection marine, contribuant par leur action directe à la rapidité de la régénération des coraux. Les pêcheurs ont arrêté d'utiliser des techniques de pêche illégales comme la dynamite et le cyanure, et les villageois ont transplanté du corail dans les zones les plus touchées.

Les populations indonésiennes ont en effet tout intérêt à préserver leurs récifs en bonne santé car ceux-ci sont d'importants moteurs économiques, fournissant du poisson, qu'ils peuvent manger ou vendre, et de l'argent du fait des touristes, amateurs de plongée.

Cependant le regain du corail ne semble pas si étonnant pour d'autres spécialistes de ces animaux invertébrés si particuliers.

«Les destructions mécaniques engendrées par le tsunami ont laissé des monceaux de coraux éparpillés au fond de la mer et, préservés de la pêche et des effets du développement c'tier, ils peuvent facilement se reconstituer en récif», estime Ove Hoegh-Guldberg, un expert des récifs de l'Université du Queensland, qui a déjà observé ce phénomène dans le sud de la Grande Barrière de Corail au large de l'Australie.

Un avis également partagé par John Bruno, scientifique de l'université de Caroline du Nord, à Chapel Hill. «Chaque année, les menaces pesant sur le corail semblent s'accroître. Aussi, il est important de reconnaître que ces écosystèmes à la valeur inestimable ne sont pas complètement perdus», reconnaît-il. «Nous devons simplement mettre en oeuvre des politiques de bon sens au niveau local et réduire massivement nos émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale».

Les coraux, qui vivent en colonies, forment un habitat privilégié pour de très nombreuses autres espèces et participent au maintien d'une biodiversité. Très sensibles aux changements climatiques, ils «blanchissent» (meurent) notamment sous l'effet d'une trop grande élevation de température des océans, de leur acidification -due aux émissions de gaz à effet de serre- ou encore du changement de leur salinité.