La population des lézards les plus courants en Europe pourrait nettement diminuer dans certaines régions au cours des prochaines décennies à cause du changement climatique, met en garde une étude publiée lundi.

Selon une étude publiée dans la revue scientifique américaine PLOS Biology, la hausse des températures affecte l'habitat et la reproduction du lézard zootoca vivipara. En conséquence, jusqu'à 30 % de ces petits reptiles pourraient disparaître, surtout dans les régions les plus méridionales d'Europe.

«Nous ne prévoyons pas une extinction de cette espèce de reptiles, mais nous suggérons que les populations vivant au sud du continent pourraient particulièrement souffrir du réchauffement», a expliqué Julien Cote, biologiste du Laboratoire Évolution et Diversité Biologique à l'Université française de Toulouse.

Les chercheurs ont placé 18 groupes de lézards dans des enclos semi-naturels soumis à deux environnements différents: l'un similaire au climat actuel, et l'autre de deux degrés Celsius plus chaud ce qui correspond à la hausse moyenne prévue d'ici la fin du siècle sur Terre par le scénario le plus favorable.

Les scientifiques les ont surveillés pendant un an pour évaluer l'impact de la température sur leur croissance démographique, leur taux de reproduction et leur survie.

«Un réchauffement de deux degrés a paru initialement bénéfique, favorisant une croissance plus rapide des jeunes lézards qui ont pu ainsi se reproduire plus précocement, mais ces deux degrés de plus ont aussi écourté la vie des lézards adultes», a expliqué Elvire Bestion, chercheuse à l'Université britannique d'Exeter.

Selon la modélisation de ces données, «la mortalité accrue des lézards adultes pourrait entraîner une diminution du taux de croissance de la population finissant par provoquer une extinction de ces reptiles dans une vingtaine d'années».

Mais les scientifiques ont néanmoins écarté un scénario aussi dramatique, faisant valoir que la manière dont ces lézards s'adapteront à l'environnement naturel est plus complexe.

Notamment, les femelles ont eu un deuxième cycle annuel de reproduction dans le climat plus chaud pendant l'été.

«On peut se demander si cette évolution de la reproduction sous l'effet du réchauffement pourrait permettre aux lézards de s'adapter au cours du temps», a relevé Elvire Bestion.

Mais la comparaison entre les deux environnements montre toutefois qu'une hausse de deux degrés pourrait entraîner une diminution de 14 à 30 % de la population de lézards européens, en fonction du scénario de réchauffement envisagé.