L'orque Lolita, qui vient de passer plus de 40 ans confinée dans des aquariums aux États-Unis, va bénéficier de la même protection, en tant qu'espèce en voie de disparition, que ses cousines sauvages, ont annoncé les autorités américaines mercredi.

Les groupes de défense des droits des animaux espèrent que ce règlement mènera à la libération de l'épaulard, qui vit depuis 35 ans dans un réservoir du Seaquarium de Miami (Floride, sud-est), où sa prise en charge est encore l'objet de litiges.

Mais le Seaquarium a affirmé mercredi soir n'avoir aucun projet de faire sortir l'animal.

«Il n'y a pas de preuve scientifique que Lolita, âgée de 49 ans, pourra survivre dans un enclos marin ou le Pacifique du nord-ouest. Et nous ne souhaitons pas menacer sa vie avec une expérience», a expliqué son directeur Andrew Hertz.

Lolita a été capturée avec six autres jeunes «baleines tueuses» au large de l'État de Washington (nord-ouest) en 1970. Elles ont ensuite été envoyées dans des parcs aquatiques aux quatre coins du pays.

L'orque, qui pèse un peu plus de trois tonnes, est la dernière survivante du groupe. Elle serait aussi le plus vieil épaulard en captivité aux États-Unis.

Ses congénères sauvages sont classées comme espèce en voie d'extinction depuis 2005, un statut qui ne s'appliquait pas aux baleines en captivité.

Il n'y a plus que 78 individus dans l'océan Pacifique, au large de la côte ouest américaine et au Canada, a précisé Will Stelle, administrateur régional des pêcheries de la côte ouest à l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA).

Des groupes de défense des droits des animaux avaient demandé à la NOAA de retirer la clause excluant les baleines en captivité.

«Nous considérons que le statut d'animal en captivité de Lolita n'empêche pas qu'elle soit classée sous la loi des espèces en danger», a justifié la NOAA mercredi.

L'orque de six mètres vit seule dans un aquarium de 10 mètres de large et de 6 mètres de profondeur à Miami.

Les orques femelles ont une espérance de vie d'environ 50 ans, mais certaines peuvent vivre jusqu'à cent ans, selon la NOAA.

Cette décision, qui prendra effet dans 90 jours, ne change pas les conditions de captivité de Lolita, qui relèvent du département de l'Agriculture.

«Ce n'est pas une décision qui va libérer Lolita», a nuancé M. Stelle.  Prendre des décisions sur son bien-être «est une tâche très compliquée» que la NOAA n'avait pas anticipée et qu'elle pourrait ne pas aborder, sauf en cas d'une demande formelle, a-t-il ajouté.

Les groupes des droits des animaux ont salué un pas en avant qui pourrait rendre «possible la retraite de Lolita dans un sanctuaire», selon le fonds de défense de la cause animale (Animal Legal Defense Fund).

L'organisation de défense des animaux Peta a affirmé qu'elle ferait pression pour que Lolita cesse de faire des spectacles et «soit relâchée dans l'océan», dans un enclos marin situé près des îles San Juan au large de l'État américain de Washington, voire dans sa propre famille puisque sa mère, âgée de 86 ans, pourrait être toujours en vie.

Mais M. Stelle a expliqué que sa survie n'était pas aussi simple que lui ouvrir les barrières.

«Imaginez que vous avez vécu en captivité, dans un environnement géré de manière très serrée, nourri par des humains pendant 40-45 ans. Seriez-vous prêt à être relâché dans la nature et à vous débrouiller seul?», a-t-il demandé.