Greenpeace et plusieurs autres organisations environnementales ont annoncé lundi avoir demandé à la Cour de Justice de l'UE (CJUE) d'être partie de la défense contre les actions engagées par les groupes Bayer et Syngenta visant à faire annuler l'interdiction de plusieurs pesticides tueurs d'abeilles.

«Nous avons présenté une requête d'admission (comme partie de la défense) et nous espérons que la Cour va l'accepter», a expliqué à l'AFP Marco Contiero, représentant de Greenpeace à Bruxelles. L'action est menée conjointement avec les organisations Bee Life (coordination européenne des apiculteurs) Pesticide Action Network Europe, Buglife et SumOfUs.

Les groupes suisse Syngenta et allemand Bayer ont décidé de saisir la CJUE pour faire annuler la décision de la Commission européenne de restreindre pendant deux ans à compter du 1er décembre 2013 l'utilisation de trois produits chimiques (la clothianidine, l'imidaclopride et le thiaméthoxame) utilisés dans des pesticides considérés comme responsables de l'hécatombe d'abeilles dans l'UE.

«Les actions engagées par Bayer et Syngenta ne visent pas seulement à faire annuler le moratoire, mais cherchent également à obtenir une décision contre le principe de précaution. Selon les deux groupes, la décision d'imposer ce moratoire est la conséquence d'une sur-interprétation du principe de précaution», a déploré M. Contiero.

«Or, la décision (de la Commission) est basée sur la science. Il est question de toxicologie dans cette affaire, pas de biotechnologies. Une seule substance peut tuer 250 000 abeilles. Les données sont assez claires», a-t-il insisté.

Greenpeace entend soumettre les résultats d'une nouvelle étude scientifique démontrant les conséquences mortelles des substances interdites pour les abeilles.

La Commission européenne a pris sa décision sur la base de faits scientifiques et de conclusions de l'EFSA, l'Autorité européenne de sécurité des aliments. Cette décision a été soutenue par quinze pays, dont la France et l'Allemagne, lors d'un vote fin avril. Huit États membres, dont le Royaume-Uni, l'Italie et la Hongrie, ont voté contre, et quatre, dont l'Irlande, présidente en exercice à l'époque de l'UE, se sont abstenus.

L'enjeu est économique pour les deux groupes. L'utilisation des substances incriminées sera proscrite pour le traitement des semences, l'application au sol (en granulés) et le traitement foliaire des végétaux, y compris les céréales (à l'exception des céréales d'hiver), qui attirent les abeilles.

Selon un porte-parole de Bayer CropScience, si les deux substances incriminées par Bruxelles (clothianidine et imidaclopride) sont réellement interdites dans l'UE, cela représenterait une perte de chiffre d'affaires de 80 millions d'euros (environ 116 millions de dollars) pour le groupe.

Pour Syngenta, les ventes annuelles du Thiamethoxam dans l'UE s'élèvent à 35 millions d'euros (près de 51 millions de dollars).