Une réunion internationale dédiée aux espèces en danger s'est achevée jeudi à Bangkok par des décisions majeures sur les espèces marines, notamment les requins, mais une action jugée parfois trop timide en faveur des éléphants, victimes d'un braconnage sans précédent.    

La conférence des 178 pays membres de la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES) a conclu dix jours de travaux par la décision «historique» de protéger des requins décimés pour prélever leurs ailerons, en dépit de pays inquiets pour l'industrie de la pêche, Japon en tête.

Le commerce planétaire de cinq d'entre eux (requin océanique, trois requins-marteaux et requin-taupe), menacés par la surpêche, sera ainsi strictement régulé d'ici 18 mois.

«C'est le jour le plus important pour l'océan en 40 ans d'histoire de la CITES», s'est réjouie Susan Lieberman, de l'ONG Pew, notant également la protection accordée aux majestueuses raies mantas, pêchées pour leurs branchies.

Mais la victoire des squales n'a pas compensé l'inquiétude de certains défenseurs des éléphants, une des vedettes de la conférence, dont 25 000 individus ont été tués en 2011.

Le trafic d'ivoire a doublé depuis 2007 et plus que triplé depuis 1998, selon un rapport publié la semaine dernière par la CITES et d'autres organisations spécialisées.

Avant la réunion, le comité permanent, organe exécutif de la CITES, avait réclamé à huit pays identifiés comme passifs face à ce trafic de présenter des plans d'action : trois pays d'origine (Ouganda, Tanzanie, Kenya), trois pays de transit (Malaisie, Vietnam, Philippines) et les deux principaux marchés (Chine et Thaïlande).

Six d'entre eux se sont exécutés et tous ont «manifesté un engagement déterminé à prendre des mesures immédiates et décisives», a estimé le comité.

Aucune sanction n'a donc été prise à l'encontre de ceux que certains ont appelés le «gang des huit», qui devront soumettre des plans définitifs d'ici mi-mai avant que la CITES ne se penche à nouveau sur leur cas à l'été 2014.

D'éventuelles sanctions, qui peuvent aller jusqu'à un embargo sur les exportations des quelque 35 000 espèces protégées par la CITES, constituent une décision en «dernier ressort», a commenté le secrétaire général de la Cites John Scanlon. «Nous n'avons pas atteint ce stade», a-t-il indiqué à l'AFP.

La décision de mettre ces pays «sous surveillance» aidera à «juguler l'abattage sans entrave de milliers d'éléphants africains», a convenu de son côté Carlos Drews, du Fonds mondial pour la nature (WWF), réclamant cependant que ces pays soient «tenus responsables de leurs promesses».

Parmi les autres avancées de la réunion, les pays réalisant d'importantes saisies d'ivoire devront mener des tests ADN pour déterminer l'origine des défenses. Une mesure qui vise à identifier les filières et lutter contre les réseaux du crime organisé.

Mais la communauté internationale a «échoué à protéger les éléphants», emblème de la CITES, a estimé à la clôture un collectif d'ONG comprenant Robin des Bois et Environmental Investigation Agency.

Les pachydermes «sont le coeur de la Convention. Mais ce coeur meurt d'une mort lente et douloureuse», a insisté Rosalind Reeve, de la David Shepherd wildlife Foundation.

Autre vedette de la conférence, le rhinocéros est victime lui aussi d'un braconnage record en Afrique du Sud, qui accueillera la prochaine réunion de la CITES en 2016.

La Convention a notamment exigé d'ici 2014 des efforts du Vietnam, un des marchés principaux, et du Mozambique, d'où proviennent un certain nombre de cornes.

Au total, plus de 300 autres espèces, notamment un grand nombre de tortues menacées par le marché des animaux de compagnie ainsi que des bois précieux comme l'ébène de Madagascar, ont rejoint la liste des espèces protégées par la Convention entrée en vigueur en 1975.

En revanche, la proposition américaine d'interdire le commerce international de l'ours polaire a été une nouvelle fois rejetée. Ses opposants ont affirmé que le carnassier était surtout menacé par la fonte de la banquise et le réchauffement climatique.