L'exploitation agricole et l'urbanisation de la savane en Afrique, sous l'effet du fort accroissement démographique, menacent les lions, dont les deux tiers ont disparu au cours des 50 dernières années, avertissent des chercheurs américains dans une étude publiée mardi.

Les auteurs de cette recherche de l'université Duke, en Caroline du Nord, estiment que le nombre actuel de ces félins est de 32 000 à 35 000, contre près de 100 000 en 1960. Le déclin le plus marqué a été observé en Afrique de l'Ouest, où il n'en resterait que 500, selon eux.

Cette forte réduction de la population des lions africains a résulté de la disparition d'environ 75% de la savane depuis 50 ans, expliquent ces chercheurs américains dans des travaux publiés dans la revue internationale Biodiversity and Conservation.

«La savane évoque de vastes plaines ouvertes, mais en réalité, aujourd'hui, le défrichement et l'exploitation intensive des sols pour l'agriculture résultant de la rapide croissance démographique ont fragmenté ces espaces ou les ont dégradés», explique Stuart Pimm, professeur d'écologie à l'Université Duke, le principal auteur de l'étude.

«Aujourd'hui, il ne reste plus que 25% de la surface initiale de la savane africaine, un écosystème qui était il y a 50 ans 30% plus étendu que les États-Unis», ajoute-t-il.

Pour cette étude, ces chercheurs se sont appuyés sur des images de satellites à haute définition provenant de Google Earth, sur des données sur la densité démographique et sur des estimations locales des populations de lions pour déterminer les zones encore favorables à la survie de ces félins.

Ils n'en ont identifiées que 67 isolées dans la savane sur l'ensemble du continent africain, où la densité de population humaine est faible.

«Urgent d'agir»

Mais ces scientifiques ont déterminé que seuls dix de ces zones réunissent toutes les conditions pour que les lions aient une excellente chance de survie. La plupart se situent dans des réserves nationales.

Aucune de ces zones privilégiées ne se trouve en Afrique de l'Ouest où la population humaine a doublé dans de nombreux pays au cours des 20 à 30 dernières années, relèvent-ils. Les 500 lions qui s'y trouvent encore sont dispersés dans huit sites.

Même dans le reste de l'Afrique où se trouvent ces zones privilégiées, plus de 5000 lions vivent dans de petits groupes isolés, ce qui met leurs capacités de survie en péril, selon ces chercheurs.

«Cette étude, l'estimation la plus complète à ce jour du nombre de lions en Afrique, est une étape majeure pour élaborer des stratégies visant à sauver ces félins», a jugé dans un communiqué Luke Dollar, un des co-auteurs de l'étude.

Il dirige le programme de mobilisation des fonds dans le cadre d'une initiative de la National Geographic Society pour sauver les lions, la «Big Cats Initiative».

«La réduction de 75% de la savane africaine est choquante et déprimante, ce qui souligne qu'il est urgent d'agir pour la conservation de cet habitat et des  espèces magnifiques qui y vivent, comme les lions», ajoute Thomas Lovejoy, professeur de sciences environnementales à l'université George Mason. Il préside le comité de la «Big Cat Initiative» à la National Geographic Society.

La publication de cette dernière étude intervient après l'annonce la semaine dernière du Bureau américain de la pêche et de la vie sauvage de la décision d'examiner une demande déposée par des associations de protection de la nature visant à mettre les lions africains sous la protection de la loi sur les espèces en danger et menacées.

Une telle mesure se traduirait par l'interdiction pour les chasseurs américains de ramener aux États-Unis des trophées de leur safari en Afrique, où dans plusieurs pays dans lesquels les populations de lions sont encore relativement abondante, leur chasse est autorisée.

Les lions asiatiques sont protégés par la loi américaine depuis 1970.