L'avion solaire suisse Solar Impulse a entamé mercredi son voyage le plus difficile entre Rabat et Ouarzazate, dans le Sud marocain, sa destination finale, près de laquelle le Maroc ambitionne de construire la plus grande centrale solaire au monde.        

Le Solar Impulse a décollé de Rabat à 8 h 07 (3 h 07, heure de Montréal) par ciel clair avec seulement sept minutes de retard sur l'horaire prévu pour accomplir la partie la plus difficile de son périple en direction d'Ouarzazate située entre deux chaînes de montagnes, au sud-est de l'Atlas.

Piloté par le Suisse André Borschberg, co-fondateur du projet, le prototype volait à une vitesse moyenne de 50 km/h sans une goutte d'essence. Il est attendu peu après minuit aux portes du désert.

Ce vol prévu pour durer plus de 16 heures devrait être le plus difficile que l'appareil n'ait jamais effectué en raison de la nature aride et chaude du climat ainsi que de la proximité du massif montagneux de l'Atlas, haut de plus de 3000 mètres.

Ouarzazate est distant de quelque 550 km par la route de la capitale Rabat.

« Pour l'heure, tout se passe très, très bien. Pour éviter le trafic aérien, je vole au-dessus de l'Atlantique à 3000 mètres d'altitude en direction de Casablanca » (100 km au sud de Rabat), a déclaré à l'AFP le pilote de l'avion expérimental joint par téléphone satellitaire.

« Après son décollage, l'avion a effectué un petit tour de piste dans les airs au dessus de Rabat. Je vais ensuite suivre la côte sud en direction de Marrakech », la célèbre cité ocre au pied du Haut Atlas, qui devrait être atteinte en fin d'après-midi, en volant à une altitude de 6000 mètres», a-t-il ajouté.

Selon lui, « après être monté le plus haut possible au dessus de l'Atlas », le prototype « descendra aussi lentement qu'il pourra sur Ouarzazate. Alors il fera nuit et le vent soufflera assez fort ».

« Tout cela est très excitant et je me réjouis à l'avance d'être à Ouarzazate, près du site de la nouvelle centrale solaire où je compte aussi me rendre dans les tout prochains jours », a conclu le pilote.

Le vol est organisé conjointement par la société suisse de Solar Impulse et l'Agence marocaine de l'énergie solaire (MASEN)

L'équipe suisse de Solar Impulse doit participer vendredi et samedi à la présentation par les responsables de Masen d'une centrale solaire dotée d'une capacité de 160 MW et avec l'objectif de porter cette capacité d'ici 2015 à environ 500 MW, ce qui devrait en faire la plus importante du monde.

Le Maroc, qui importe la quasi-totalité de son énergie de l'étranger, ambitionne de développer ses propres capacités d'énergies renouvelables grâce à ses côtes qui s'étendent de la Méditerranée à l'Atlantique et à son ensoleillement exceptionnel.

Le royaume devrait ainsi produire à terme quelque 2000 MW d'énergies renouvelables, pour moitié éolienne et moitié solaire, réduisant ainsi nettement sa lourde facture pétrolière.

C'est d'ailleurs dans cette perspective que la société de Solar Impulse a choisi le Maroc pour sa première traversée de l'Atlantique vers l'Afrique du Nord.

« Notre but n'est pas de révolutionner l'aviation. Il s'agit plus d'un travail de sensibilisation des esprits et des gens sur tout ce que les nouvelles technologies peuvent permettre, pour diminuer la dépendance aux énergies fossiles » avait déclaré il y a quelques jours à l'AFP le copilote suisse Bertrand Piccard qui avait conduit cet oiseau en fibre de carbone de Madrid à Rabat.

Solar Impulse avait décollé le 24 mai de Payerne (Suisse) pour Madrid, première étape de son premier vol intercontinental vers le Maroc avant un tour du monde prévu en 2014.