Réveils luminescents anciens, «cafetière au radium» ou crème de beauté au thorium des années 1920: votre grenier renferme peut-être à votre insu de vieux objets radioactifs potentiellement dangereux, comme ceux qui ont contaminé cette semaine un hall d'immeuble à Lyon.

Si aujourd'hui l'utilisation de substances radioactives est étroitement contrôlée par les pouvoirs publics, cela n'a pas toujours été le cas. Et des objets d'apparence banale, parfois très anciens, mais dégageant toujours des radiations, font parfois partie de notre environnement quotidien, met en garde l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) en France, chargée de les identifier et de les éliminer.

«Après la découverte de la radioactivité à la fin du XIXe siècle» par Pierre et Marie Curie, «il y eut un engouement pour l'utilisation de produits contenant des substances radioactives. Le radium était perçu comme ayant un pouvoir destructif à haute dose, mais un effet bénéfique à faible dose», explique l'Andra dans un petit guide destiné à sensibiliser le public à ces dangers (https://www.andra.fr/producteurs/download/site-principal/document/objets_radioactifs.pdf).

À tel point que l'utilisation du radium déborda rapidement le seul domaine médical (destruction des cellules cancéreuses par «curiethérapie»).

Des crèmes de beauté censées effacer les rides grâce à de très petites quantités de radium et de thorium étaient par exemple vendues en pharmacie, de même que des rouges à lèvres «irradiants», des comprimés pour soigner la bronchite, etc.

L'un des plus grands succès de ces «années folles du radium» fut certainement l'eau radioactive, vendue à domicile par certaines sociétés ou fabriquée par les familles elles-mêmes grâce à des fontaines ou cafetières «au radium».

Horlogers et militaires ont également longtemps utilisé du radium ou du tritium pour rendre luminescentes les aiguilles de réveil, de boussoles ou de cadrans d'avions.

«trèfle radioactif»

Les dangers de l'utilisation quotidienne de substances radioactives seront progressivement mis en évidence par les scientifiques et ces objets interdits. Mais dans l'intervalle, des milliers d'entre eux auront été mis sur le marché et certains subsistent encore aujourd'hui chez des particuliers, des collectionneurs ou des brocanteurs.

C'est ainsi qu'en juillet 2011, l'Andra a été sollicité par un particulier lyonnais concernant la présence dans sa cave d'un coffre contenant des objets médicaux au radium utilisés dans les années 1920 à 1940 par son grand-père radiologue.

Le 29 février, alors que des techniciens de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) collectaient ces objets à la demande de l'Andra, le hall de l'immeuble a été contaminé par des poussières radioactives dans des circonstances encore indéterminées.

L'IRSN indique mener chaque année quatre à cinq opérations de ce type.

Comment reconnaître un tel objet radioactif? La présence du «trèfle radioactif» sur l'objet ou son emballage, le fait qu'il soit conditionné dans du béton ou du plomb ou encore «un objet fabriqué avant les années 1960 et qui brille dans le noir sans avoir été exposé à la lumière depuis au moins deux jours», constituent des indices sérieux, souligne l'Andra.

Ces objets pouvant émettre des radiations plus ou moins intenses et contaminer les personnes entrant en contact avec eux, il est recommandé de ne pas les toucher directement.

«Dans la plupart des cas, les conséquences sont faibles, mais dans le doute, il est préférable de les confier à un organisme spécialisé», insiste l'Andra.