Une éruption volcanique sous-marine s'est produite lundi à cinq kilomètres de l'île de Hierro (archipel espagnol des Canaries) qui connaît des secousses depuis près de trois mois, ont affirmé lundi des experts et les autorités locales.

«Cette nuit, les capteurs sur l'île ont enregistré le début d'un processus éruptif», a déclaré à l'AFP Alicia Garcia, qui appartient à une équipe de vulcanologues présents sur place pour surveiller le volcan.

«Il n'y a aucune manifestation visible, seulement détectable par les instruments», en raison de la profondeur du lieu de l'éruption, a-t-elle expliqué.

L'éruption «ne va pas se voir sur l'île. Elle est à cinq kilomètres et à une profondeur de 600 à 1200 mètres. Selon nos calculs, tout ce qui est à 600 mètres de profondeur ne peut pas sortir», a précisé le chef de l'administration de l'île de Hierro, Alpidio Armas.

Selon lui, «si le magma sort, ce qui semble se produire, cela signifiera que les mouvements sismiques vont diminuer».

M. Armas a estimé qu'il n'était donc pas nécessaire de prendre des mesures additionnelles de précaution sur l'île, à l'exception d'un périmètre de sécurité en mer autour du lieu où s'est produite l'éruption.

L'île est déjà en alerte jaune, le deuxième niveau d'une échelle de trois. Le 27 septembre, les autorités avaient ordonné l'évacuation temporaire d'une cinquantaine de personnes, dont des touristes, de leurs maisons adossées au flanc d'un volcan, après une secousse de magnitude 3,4.

Perchée dans l'Atlantique sur un ancien volcan sous-marin, la petite île espagnole de Hierro vit depuis le 19 juillet au rythme d'une multitude de secousses sismiques qui inquiètent les vulcanologues, ceux-ci craignant une éruption sur l'île.

L'éruption sous-marine de lundi a eu lieu deux jours après une secousse de 4,3 sur l'échelle ouverte de Richter, la plus forte sur quelques 9000 enregistrées sur place ces dernières semaines. La plupart ne sont pas ressenties par les quelque 11 000 habitants.

«C'est comme une soupape d'une grande cocotte minute qui s'est ouverte laissant échapper des gaz et des éléments, des gaz et un grand sac de magma qui se trouve dans le sous-sol de l'île de Hierro», a expliqué M. Armas.

«À plus de 600 mètres, la pression de l'eau empêche les gaz de sortir à la surface, c'est pour cela que nous ne verrons rien», a renchéri Ramón Ortiz, un autre vulcanologue du conseil supérieur des enquêtes scientifiques (CSIC).

Et selon lui, si une autre éruption sous-marine devait intervenir, «il n'y a aucune preuve qu'elle puisse se produire près de la côte».

Les Canaries n'ont pas connu d'éruption depuis celle du Teneguia, sur l'île de La Palma, en 1971.