Les organismes génétiquement modifiés qui existent présentement sont faits pour résister à l'herbicide dont on les arrose ou pour produire eux-mêmes un insecticide qui éloigne les bestioles. Mais peut-être que bientôt, pour la première fois, nos champs contiendront des OGM faits pour s'adapter aux aléas de la météo. Dans un contexte de crise alimentaire mondiale, la nouvelle suscite beaucoup d'intérêt.

C'est une petite révolution au pays des gènes. La plus grande compagnie de semences transgéniques, Monsanto, a annoncé hier qu'elle avait déposé une demande auprès des autorités américaines pour pouvoir commercialiser un maïs qui sera résistant à la sécheresse. Un soya du même type est aussi presque prêt, affirme Monsanto.

 

«Il n'y a pas si longtemps, on ne croyait pas que c'était possible de faire des organismes résistants à des stress aussi complexes que le froid ou la sécheresse», concède François Belzile, professeur au département de phytologie à l'Université Laval. Pas possible parce que le processus pour identifier, et comprendre, les gènes responsables des mécanismes de défense impliqués semblait nettement trop compliqué. Mais on savait que les chercheurs en biotechnologie s'y affairaient. L'américaine Monsanto, en collaboration avec la firme allemande BASF, semble avoir gagné la course.

Plus de tolérance

Les essais en champ ont prouvé une amélioration des rendements pour ce nouveau maïs, a annoncé Monsanto hier. Cette annonce tombe au moment où, en Europe, certains politiciens croient qu'on devrait être plus tolérants avec les OGM qui pourraient augmenter la productivité en agriculture, avec une crise alimentaire en toile de fond. L'ONU a déjà décrété que nous devions augmenter considérablement notre production alimentaire si nous voulons répondre aux besoins de plus en plus importants d'une population très affamée. Il ne faut toutefois pas s'attendre à voir les pays émergents s'intéresser à la fine pointe de la biotechnologie, même si plusieurs sont régulièrement aux prises avec des sécheresses. En Afrique, par exemple, l'agriculture paysanne est à mille lieues des cultures transgéniques, explique François Belzile.

De plus, les OGM restent un sujet extrêmement délicat et de nombreux pays refusent de les introduire dans la chaîne alimentaire. «Ce qui pourrait peut-être changer la donne en Europe, c'est que les agriculteurs qui font de la production animale ont de plus en plus de difficulté à se procurer des grains sans OGM», explique le professeur Belzile.

Malgré tous les débats entourant les OGM, les affaires vont merveilleusement bien pour Monsanto qui annonçait hier des résultats records, portés par ses ventes en Amérique du Sud, le Brésil et l'Argentine étant deux grandes puissances agricoles. Pour son premier trimestre de l'année fiscale 2009 (qui se terminait en novembre 2008) les ventes de Monsanto ont grimpé de 29% et son chiffre d'affaire a dépassé les trois milliards de dollars.