Les algues bleues ont contaminé 108 lacs cette année, un nombre presque équivalent à celui de 2007. Le plan d'action de 200 millions de dollars du gouvernement Charest, adopté il y a un an, n'a pas encore freiné leur prolifération.

«On savait qu'il y aurait de nouveau des lacs aux prises avec le phénomène des algues bleues. Mais 108 lacs, c'est beaucoup, c'est trop. Ça me fait dire qu'il y a encore beaucoup d'actions à mettre en place», a affirmé la ministre de l'Environnement, Line Beauchamp, hier. Selon elle, il faudra attendre cinq à dix ans avant que le plan d'action ait un «impact notable».

 

En conférence de presse, Line Beauchamp a dressé un bilan provisoire des plans d'eau touchés par les algues bleues. En date du 16 septembre 2008, 108 lacs ont connu une éclosion de cyanobactéries au-delà des normes reconnues à l'échelle internationale, comparativement à 122 en 2007. Les Laurentides sont la région la plus touchée avec 23 lacs contaminés, suivie par le Saguenay-Lac-Saint-Jean (13), l'Estrie (11) et Lanaudière (11).

Le temps frisquet a aidé

De l'aveu même de la ministre, si un peu moins de lacs ont été contaminés durant l'été, c'est en raison du temps frais qui a limité la prolifération des algues bleues. La problématique demeure donc tout aussi préoccupante que l'an dernier.

La Direction de la santé publique a émis 19 avis interdisant la baignade ou d'autres activités concernant 11 des 108 lacs touchés. L'an dernier, 24 lacs avaient fait l'objet de 37 restrictions d'usage.

Les citoyens ont fait 171 signalements au ministère de l'Environnement pour indiquer la présence possible d'algues bleues dans un lac. Trente-sept nouveaux lacs contaminés ont ainsi été répertoriés. L'an dernier, le ministère avait reçu 200 signalements.

«Après l'été très achalandé que nous avons connu en 2007, nous savions que de nouveau, cet été, nous serions devant un phénomène de présence d'algues bleues. Encore l'année prochaine, nous savons que nous serons devant ce phénomène», a affirmé Line Beauchamp.

C'est la première fois que Québec révèle le nombre et l'identité des lacs touchés par les cyanobactéries cette année. Durant l'été, le Ministère n'a diffusé que la liste des endroits faisant l'objet d'un avis de la santé publique, une décision qui demeure très critiquée.

Un an après le plan d'action

Il y a un peu plus d'un an, Line Beauchamp a présenté un plan d'action comprenant 35 mesures pour contrer les algues bleues, comme une aide aux MRC les plus touchées, la formation d'inspecteurs municipaux et l'inspection des fermes. Québec a également interdit la présence de phosphate dans les détergents à vaisselle.

«Mesurer en seulement 12 mois l'impact de l'ensemble des actions, des reboisements de rives, des règlements adoptés, de changements de comportement de citoyens, je pense sincèrement que ce ne serait pas raisonnable.»

«Le travail de mobilisation et de prévention doit se poursuivre à travers le Québec, a-t-elle poursuivi. Nous espérons qu'avec le temps et la vigilance des citoyens, nous serons en mesure de contrer le phénomène.»

Selon Philippe Bourke, directeur général du regroupement des conseils régionaux de l'environnement, le bilan dévoilé hier démontre qu'«il faut continuer le travail». Pour enrayer les algues bleues, «ça va prendre beaucoup de temps», a-t-il ajouté.

Le PQ accuse, puis se rétracte

Le Parti québécois a contesté la liste de lacs contaminés de la ministre Beauchamp, pour ensuite se rétracter. Dans un communiqué de presse, le député Camil Bouchard a affirmé qu'un lac touché par les algues bleues en Montérégie, le lac du Parc de la Cité, n'est pas sur cette liste. «La ministre ne dit pas la vérité. La liste comporte des omissions», a-t-il ajouté. Le lac en question figure pourtant bel et bien sur la liste. Informé par La Presse de cette erreur, le PQ a retiré son communiqué. «Je me suis excusé auprès de la ministre. C'était une accusation non fondée», a affirmé M. Bouchard à La Presse.