Des groupes de défense de l'environnement ont manifesté devant un hôtel du centre-ville de Montréal, mardi matin, afin de marquer le début des audiences publiques montréalaises sur la modernisation de l'Office national de l'énergie (ONÉ).

Montréal est la dernière destination d'une série de consultations lancées en janvier, qui se sont déroulées dans neuf autres villes du Canada.

Des dizaines de citoyens et de militants environnementaux ont d'abord manifesté, puis ont participé à l'audience.

Certains intervenants entendus jusqu'ici ont suggéré de rapatrier de Calgary à Ottawa les bureaux de l'ONÉ pour garantir son indépendance.

Ils ont aussi demandé que les évaluations environnementales soient retirées du mandat de l'ONÉ et soient transférées à l'Agence canadienne d'évaluation environnementale.

Anne-Céline Guyon, de la fondation Coule pas chez nous, abonde dans le même sens, mais suggère qu'un nouvel organisme fédéral soit créé, afin que les impacts climatiques soient priorisés.

«Un organisme qui aurait comme fonction de mettre en place la vraie transition écologique et qui serait le premier palier d'orientation pour les projets futurs», décrit-elle.

Les militants environnementaux en ont profité pour exprimer à nouveau leur opposition au projet d'oléoduc Énergie Est de TransCanada.

L'oléoduc de 4600 kilomètres devrait acheminer quotidiennement 1,1 million de barils de pétrole des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, en passant par le Québec.

Les consultations pour ce projet ont dû reprendre depuis le début après que deux ex-commissaires eurent rencontré secrètement l'ex-premier ministre du Québec Jean Charest, alors que ce dernier agissait comme consultant pour TransCanada.

Mme Guyon affirme que les citoyens qu'elle représente exigent une enquête publique sur cette «affaire Charest».

«Une vraie réforme ne devrait se faire qu'à partir du moment où une enquête publique a été menée et complétée, car il faudra tenir compte des informations qui ressortiront de cette enquête», a-t-elle fait valoir.

Mme Guyon ajoute que «l'étude du projet Énergie Est devrait être suspendue tant que l'enquête publique n'a pas été faite et tant que les processus de réforme ne sont pas terminés».

Même son de cloche chez Greenpeace Canada. «Tant que la lumière n'aura pas été faite sur ça (les deux ex-commissaires ayant rencontré Jean Charest), il y aura des problèmes fondamentaux au sein de l'ONÉ qui n'auront pas été mis en lumière», a déclaré Patrick Bonin.

Selon le militant de Greenpeace, les documents déposés à l'ONÉ par TransCanada pour le projet Énergie Est sont uniquement en anglais, ce qui limite l'accès à l'information des francophones et bafoue leurs droits.

Le comité d'experts doit remettre son rapport au ministre fédéral des Ressources naturelles, Jim Carr, le 15 mai. Ses recommandations doivent être rendues publiques le jour même.

Accident fracassant

La manifestation a été perturbée vers 8h15 lorsqu'une voiture taxi a roulé jusque dans le hall d'entrée de l'hôtel où se tiennent les audiences, fracassant des portes et des fenêtres avant de s'immobiliser.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a confirmé que le véhicule n'avait pas fait de blessé et que l'incident n'était pas lié à la manifestation tenue à quelques mètres de là, sur le trottoir, face à l'hôtel Delta Marriott, sur l'avenue du Président-Kennedy.

Le SPVM explique que le chauffeur du taxi, âgé de 77 ans, avait raté sa manoeuvre de stationnement.

La manifestation s'est déroulée dans le calme sans aucune arrestation, ont ajouté les autorités.