Le fonds de pension public norvégien, le plus gros fonds souverain au monde, a banni 52 entreprises liées au charbon, a annoncé jeudi la Banque de Norvège, signe du rôle croissant des investisseurs dans la lutte contre le changement climatique.

En juin, quelques mois avant la conférence de Paris sur le climat, le Parlement norvégien avait décidé que le fonds devrait se désengager des compagnies minières ou des groupes d'énergie pour lesquels le charbon représente plus de 30 % du chiffre d'affaires ou de l'activité. La mesure est entrée en vigueur le 1er février.

Pesant environ 7.1 milliards de couronnes (plus de 1,1 milliard de dollars CAN), le fonds a donc banni 52 compagnies minières et énergéticiens, américains et chinois pour la plupart, notamment China Coal Energy, AES ou encore Peabody Energy, le plus gros producteur de charbon américain, qui a déposé son bilan mercredi.

La liste contient aussi plusieurs groupes indiens parmi lesquels Reliance Power et Tata Power, trois groupes japonais et quelques entreprises européennes.

«D'autres rounds d'exclusions suivront dans le courant de l'année», a indiqué dans un communiqué la banque centrale norvégienne, chargée de la gestion du fonds qui a lui-même été constitué grâce aux revenus pétro-gaziers de l'État norvégien.

L'annonce a été saluée par les défenseurs de l'environnement.

«C'est un premier pas important», a déclaré à l'AFP Martin Norman, un responsable de Greenpeace Norvège. «Le chemin reste néanmoins long», a-t-il ajouté, en notant que son organisation avait dans le passé recensé au total 122 entreprises dont le fonds devait se désengager pour satisfaire aux nouvelles exigences.

À ce stade, les trois principaux producteurs mondiaux de charbon - Anglo American, BHP Billiton et Glencore - ne sont pas concernés dans la mesure où le charbon représente moins de 30 % de leur chiffre d'affaires.

Mais M. Norman a dit espérer qu'ils seraient eux aussi exclus prochainement en vertu d'un autre critère adopté l'an dernier qui interdit au fonds norvégien d'investir dans des entreprises responsables «d'un niveau inacceptable» d'émissions de gaz à effet de serre.

«C'est un bon début» a aussi estimé Marius Holm, chef de l'ONG environnementale Zero. «Mais le fonds possède encore des parts dans des entreprises liées au charbon et il faut également discuter de son exposition au pétrole et au gaz naturel», autres énergies fossiles, a-t-il ajouté.

Parmi les autres critères qui le régissent, le fonds doit s'abstenir d'investir dans les entreprises coupables de violations graves des droits de l'homme, dans celles qui fabriquent des armes nucléaires ou «particulièrement inhumaines», et dans les producteurs de tabac.