Les Émirats arabes unis, grand pays pétrolier où l'empreinte carbone par habitant est l'une des plus élevées au monde, ont affirmé leur stratégie de diversification en inaugurant le siège de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena).

L'inauguration des locaux de cette organisation intergouvernementale s'est déroulée mercredi soir dans la ville durable de Masdar, à côté d'Abou Dhabi, où l'énergie solaire est abondamment utilisée.

Fondée en 2009 et dotée d'un budget annuel de 40 millions de dollars, l'Irena compte 140 États membres et 32 sont en voie d'adhésion.

«Héberger l'Irena à Abou Dhabi est le reflet de l'engagement des Émirats à élargir l'accès à une énergie propre et durable, à la fois nationale et internationale», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane.

«Établir une agence des énergies renouvelables au coeur d'une région productrice de pétrole est un signal très important pour le futur de l'énergie. Un pays producteur de pétrole n'aurait pas proposé (ce siège) s'il ne considérait pas (que) l'évolution dans le (secteur) de l'énergie arrive», a précisé à l'AFP Adnan Amin, le directeur de l'Irena.

Évoquant la conférence mondiale sur le climat prévue en décembre, M. Amin a déclaré: «nous allons à Paris avec un grand nombre d'initiatives, parmi lesquelles: mettre l'Afrique sur le chemin des énergies durables, aider les pays insulaires dans la transition énergétique et augmenter la production de l'énergie géothermique en créant un partenariat avec les pays en développement».

Voyant le coût de production des énergies renouvelables baisser de 80% depuis 2008 et conscients de la nécessité de réduire l'empreinte carbone par habitant, des pays producteurs de pétrole se sont lancés dans le secteur, en investissant notamment dans le solaire.

«La région a les meilleures conditions au monde pour la production de l'énergie solaire et éolienne», a noté M. Amin.

Cette tendance ne devrait pas être freinée par la baisse des prix de l'énergie fossile, notamment du pétrole, qui aura un impact très limité, selon Dolf Gielen, directeur du Centre de l'innovation et des technologies Irena.

Le plus grand concurrent des énergies renouvelables reste le gaz, mais avec le dernier «projet du parc solaire Cheikh Rashid ben Maktoum à Dubaï, nous arrivons à des prix plus bas que le gaz aujourd'hui», a souligné M. Amin.

Abou Dhabi compte augmenter la part des renouvelables à 7% d'ici 2020 tandis que Dubaï ambitionne d'arriver à 15% à l'horizon 2030.

Selon un rapport de l'Irena publié en mars, si Abou Dhabi réduit sa consommation d'énergie fossile et augmente la part des renouvelables à 10%, cela lui permettrait de réaliser une économie de 1,9 milliard de dollars par an d'ici 2030. Quant aux bénéfices environnementaux et en matière de santé, ils pourraient rapporter entre 1 et 3,7 milliards de dollars pour la même période.

Enfin, «nous travaillons sur une initiative panarabe: Clean Energy corridor», a dit M. Amin. L'idée est de «donner la priorité aux énergies renouvelables» et de «construire un marché interconnecté de l'énergie entre les économies de la région».