La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) estime que les réponses fournies par Enbridge quant à ses préoccupations vis-à-vis deux conditions du projet d'inversion du flux de l'oléoduc de la Ligne 9B sont «incomplètes».

Dans une lettre de quatre pages datée du 21 novembre, l'organisme regroupant 82 villes estime que ses questions sur les conditions 18 et 20 demeurent «toujours sans réponse».

Il s'agit des conditions concernant le franchissement des cours d'eau de l'oléoduc - qui traverse entre autres la rivière des Mille Îles, la rivière des Prairies et celle des Outaouais - ainsi que des plans de mesure d'urgence.

«Certaines questions que vous nous adressions (...) restent toujours sans réponse ou nous semblent incomplètes», écrit le responsable de ce dossier à la CMM, Michel Rochefort.

Dans sa missive, la CMM estime entre autres qu'Enbridge [[|ticker sym='T.ENB'|]] ne fournit «aucune nouvelle donnée» en ce qui a trait aux cours d'eau traversés ainsi qu'à la cartographie des zones sensibles.

«La Communauté demande de rendre publiques les études réalisées en ce qui a trait à la dispersion des produits en cas d'incident ainsi que les cartes des zones sujettes à des graves conséquences», est-il écrit dans la lettre.

L'organisme estime aussi que la société pétrolière albertaine ne fournit pas de réponse précise aux 12 pages de questions envoyées en juillet et en septembre quant au plan de mesures d'urgence.

Un porte-parole d'Enbridge, Éric Prud'Homme, a affirmé que la lettre de la CMM avait été reçue et que même si l'entreprise devait encore analyser certains éléments, elle avait eu le temps d'en «faire le tour».

Au cours d'un entretien téléphonique, M. Prud'Homme a réitéré qu'à son avis, le projet d'inversion répondait aux exigences de l'Office national de l'énergie (ONE), ce qui n'empêchera pas la tenue de rencontres avec la CMM.

«Une fois que de nouveaux documents seront déposés, on parle de documents concernant le plan d'urgence, (...) ça serait le temps d'une rencontre où l'on pourrait partager des documents de façon confidentielle», a-t-il dit.

Le porte-parole d'Enbridge n'a toutefois pas été en mesure de dire quand aurait lieu cette rencontre entre la CMM et l'entreprise.

Enbridge avait répondu, également par le biais d'une lettre, le 14 novembre aux préoccupations de la CMM relativement à sa sortie du mois de septembre dernier, mais sans nécessairement proposer de nouvelles mesures.

La société pétrolière tentait de rassurer l'organisme en fournissant des «renseignements supplémentaires» sur ses méthodes actuelles de travail, ce qui avait alors été qualifié d'«approche pédagogique» par un porte-parole.

Prévue pour le 15 octobre, l'inversion du flux de l'oléoduc a été suspendue le mois dernier par l'ONE, qui a soulevé des questions sur le respect de la condition 16 entourant l'installation de vannes aux principaux points de franchissement des cours d'eau.

Exploité depuis près de 40 ans, le tronçon de 639 kilomètres de l'oléoduc entre North Westover (Ontario) et Montréal constitue la dernière étape du projet qui vise à permettre l'accès aux raffineries de l'est du Canada.

La société pétrolière souhaite acheminer vers les raffineries du Québec et de l'Ontario quotidiennement entre 240 000 et 300 000 barils de pétrole en provenance des sables bitumineux.

Même si Enbridge fait valoir qu'aucun incident majeur n'est survenu sur la Ligne 9 depuis sa mise en service, de nombreuses municipalités s'opposent au projet d'inversion du flux de la canalisation en raison des risques de fuite.