Le département d'État, chargé de trancher sur l'oléoduc géant controversé entre les États-Unis et le Canada, a fait l'objet jeudi de nouvelles accusations de partialité en faveur du projet.

L'ONG écologiste Les Amis de la Terre (FoE) cite de nouveaux courriels obtenus grâce à une loi sur la liberté de l'information, qui prouveraient un certain degré de collusion entre les diplomates américains et TransCanada, le consortium porteur de ce projet courant sur 2700 km entre la province de l'Alberta et le golfe du Mexique.

«Les responsables du département d'État ont agi comme s'ils étaient dans la même équipe que TransCanada», écrit dans un communiqué Damon Moglen, directeur de l'énergie et du climat à FoE.

Les courriels «suggèrent que le département d'État et Transcanada ont pu se coordonner sur une stratégie média», assène notamment l'ONG.

FoE met aussi nommément en cause Matthew McManus, un fonctionnaire qui aurait décrit une réunion avec TransCanada comme une occasion de «traiter le problème du Nebraska et de l'eau d'une seule voix». Un autre responsable, Michael Stewart, aurait plaidé pour obtenir «un accès à haut niveau» pour un cadre dirigeant de Transcanada.

Les nombreux adversaires du projet accusent depuis des mois le département d'État de pencher en faveur de l'oléoduc Keystone XL.

Le ministère dirigé par la secrétaire d'État Hillary Clinton, chargé de prendre la décision finale en raison du caractère transnational du projet, est aussi sous le coup d'une enquête de l'inspection générale du département d'État, saisie par des élus du Congrès, en vue de vérifier la légalité de l'enquête d'utilité publique.

Les anti-oléoduc ont remporté une victoire le 10 novembre, avec la décision de l'administration Obama de reporter de plus d'un an sa décision afin d'étudier un nouveau tracé permettant d'éviter des écosystèmes fragiles dans l'État du Nebraska. Un choix qui permet, au passage, de reporter la décision finale après l'élection présidentielle américaine de novembre 2012.

L'oléoduc est aussi décrié en raison de l'origine de l'or noir qu'il transporterait: les sables bitumineux d'Alberta, une source de pétrole qui nécessite une extraction énergivore et productrice d'un grand volume de gaz à effet de serre.