L'Office national de l'énergie a tranché: il se rendra dans les communautés du Grand Nord pour sa revue des forages extracôtiers dans l'Arctique, mais ne financera pas les ONG pour qu'elles embauchent des experts pour les aider dans leur témoignage.

«Nous recueillerons les commentaires des participants et ferons aussi des réunions communautaires pour recueillir des avis et des informations en personne, explique Sarah Kiley, porte-parole de l'Office. Seuls les coûts directs de la participation seront couverts.» Le transport vers les réunions communautaires sera ainsi remboursé.

Dans une lettre à Greenpeace, l'Office explique que les programmes d'aide aux ONG pour qu'elles embauchent des experts ne concernent que les projets de pipelines. Une cinquantaine de participants ont annoncé au cours de l'été leur intérêt pour la revue, dont des sociétés pétrolières, certaines d'aussi loin que le Kazakhstan.

Au départ, la revue ne devait porter que sur l'exigence actuelle de l'Office selon laquelle les sociétés pétrolières doivent être capables de forer un puits de secours dans la même saison où elles forent un puits d'exploitation. Ce type de puits est la seule solution certaine en cas de bris comme celui de la plateforme Deepwater Horizon de la société BP, dont l'explosion a causé une marée noire dans le golfe du Mexique (BP n'a par contre pas eu besoin d'attendre le puits de secours pour colmater la fuite). Mais comme la saison de forage en Arctique ne dure que trois ou quatre mois, il faudrait peut-être que les sociétés forent deux trous parallèles en même temps. Selon l'Association canadienne des producteurs de pétrole, forer un puits dans l'Arctique peut coûter de 100 à 200 millions. Creuser un deuxième trou pour s'en servir en cas de bris augmenterait ces coûts de 60% à 80%.

Recueillir des informations

«Notre but est de recueillir les meilleures informations disponibles sur les risques et dangers associés au forage extracôtier en Arctique et sur les mesures permettant de prévenir les accidents et d'y répondre», dit Mme Kiley. Certains participants avaient réclamé que le système d'attribution des permis soit aussi examiné, parce qu'il force parfois les sociétés pétrolières à investir des sommes importantes avant qu'un permis soit décerné, ce qui peut les inciter à limiter leurs investissements en sécurité. Mais l'Office n'a pas retenu cette suggestion.

Aux États-Unis, de nouvelles règles sur le forage extracôtier, dévoilées jeudi, exigent que deux obturateurs d'urgence -pièce d'équipement qui a fait défaut sur Deepwater Horizon- soient installés sur les puits sous-marins. Cette mesure pourrait coûter des millions de dollars par puits et créer à court terme des pénuries de matériel, a calculé The Wall Street Journal. Les obturateurs d'urgence seront également soumis à des tests indépendants aux frais des sociétés pétrolières.