Le gouvernement de l'Alberta affirme qu'il augmentera la surveillance des installations de production de sables bitumineux in situ à la suite de la publication d'une étude montrant que ce type d'exploitation peut contaminer la terre et l'eau.

Une étude publiée lundi dans le journal Environmental Pollution indique que le bitume extrait grâce à l'injection de vapeur plutôt que par l'entremise d'une mine à ciel ouvert a libéré de faibles taux de toxines dans un petit lac près d'une installation in situ à Cold Lake, en Alberta.

Bill Donahue, du ministère albertain de l'Environnement, a déclaré que cette découverte était une raison suffisante pour renforcer la surveillance de toutes les exploitations in situ, qui produisent maintenant plus de la moitié du bitume de la province.

Les techniques in situ impliquent l'injection dans le sol de vapeur à très fortes pressions et températures dans le but de ramollir le bitume afin qu'il puisse être pompé. Contrairement aux mines à ciel ouvert, ce genre d'installation ne requiert pas de grands bassins de décantation et n'entraîne pas la destruction de vastes espaces, ce qui fait qu'il a souvent été présenté comme moins dommageable pour l'environnement.

Selon Jennifer Korosi, l'auteure principale de l'étude, cette hypothèse devait être vérifiée. Pour ce faire, la chercheuse et ses collègues de l'Université d'Ottawa ont retiré des sédiments dans un petit lac adjacent à un site exploité par Canadian Natural Resources.

Leur analyse n'a révélé qu'une quantité infime des métaux lourds généralement associés au bitume. Par contre, les scientifiques ont découvert dans les sédiments la présence d'hydrocarbures aromatiques polycycliques, une catégorie de composés chimiques considérés comme cancérigènes, à compter de 1985, soit à peu près à la même époque où le développement des sables bitumineux s'est amorcé dans le secteur.

De plus, le type d'hydrocarbures détectés par les chercheurs est précisément lié aux produits pétrochimiques et non à d'autres sources comme les incendies de forêt ou les émissions polluantes générées par la circulation routière.

Les sédiments montrent que les taux d'hydrocarbures ont augmenté de manière constante à mesure que les exploitations de sable bitumineux se développaient. Ils sont maintenant plus élevés de 137 % par rapport à 1985, a souligné Mme Korosi.

Ces taux sont encore trop bas pour avoir un impact sur l'environnement. Mais le fait qu'ils continuent à grimper soulève des questions concernant la manière dont les hydrocarbures se retrouvent dans les sédiments.

Jennifer Korosi a avancé que cette contamination pourrait être le résultat de fuites sur le plan des pipelines et des trous de forage ou provenir de l'eau de procédé, des eaux souterraines ou des lignes de faille.

« C'est pour cette raison que nous devons vraiment comprendre ce qui se passe sous la surface, a-t-elle déclaré. On ne veut pas attendre que le bitume se répande sur le sol avant de savoir où sont les endroits à risque. »