Vingt et un prix Nobel ont écrit au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso et aux dirigeants des 28 pays de l'UE pour leur demander d'appliquer immédiatement une loi européenne de 2009 qui reconnaît le caractère extrêmement polluant des sables bitumineux, mais qui peine à se mettre en place.

«L'extraction de combustibles non conventionnels - tels les sables bitumineux et les schistes bitumineux - a un impact désastreux sur les changements climatiques», ont écrit les lauréats du Nobel, dont le Français Roger Guillemin ou le Sud-Africain Desmond Tutu, dans une lettre dont l'AFP a obtenu une copie jeudi.

«Nous vous demandons instamment de soutenir la directive (loi européenne, NDLR) de l'UE sur la qualité des carburants et son application immédiate, afin d'atteindre, d'ici à 2020, l'objectif de réduction de 6 % des émissions de gaz à effet de serre pour les carburants utilisés dans les transports», ont-ils ajouté.

Déjà, en février 2012, huit lauréats du Nobel avaient écrit une lettre aux dirigeants européens pour obtenir leur soutien dans la campagne contre l'exploitation de sables bitumineux.

Les dirigeants européens ont adopté en 2009 une directive sur la qualité des carburants qui stipule que les «combustibles non conventionnels» comme les sables bitumineux doivent être dotés de «valeurs de référence» spécifiques.

En 2011, la Commission européenne a donc proposé de fixer un taux d'émission de gaz à effet de serre à chaque type de carburant. Selon le calcul de la Commission, les produits dont la valeur de référence est supérieure à 87 (soit le taux du pétrole conventionnel) devraient être considérés comme particulièrement polluants. La Commission a attribué une valeur de 107 aux sables bitumineux les excluant ainsi de facto du marché européen.

Le Canada, principal producteur mondial de ce type de produits, ainsi que l'industrie pétrolière ont exercé de très fortes pressions sur les instances européennes contre cette proposition. Ottawa a menacé l'UE de déposer plainte auprès de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), jugeant la mesure «discriminatoire» à l'encontre des sables bitumineux.

Appelés à trancher, les États de l'UE ne sont pas parvenus à s'entendre sur les propositions de la Commission. Face à cette impasse, la Commission a commandé une étude sur la directive en avril 2012. L'étude, qui serait achevée depuis juin 2013, selon des organisations de défense de l'environnement, n'a toujours pas été rendue publique.