De riches fondations américaines ne se contentent pas de s'opposer au secteur canadien des sables bitumineux.

Des déclarations de revenus montrent que le gouvernement canadien a également été le bénéficiaire des largesses de certaines des organisations privées les plus riches aux États-Unis, qui lui ont versé des millions de dollars.

Et une partie de ces fonds a été attribuée par les mêmes groupes américains qui ont contribué au financement d'organisations environnementales canadiennes.

Les montants accordés au gouvernement fédéral font surface alors les conservateurs du premier ministre Stephen Harper et le site Web EthicalOil.org, sympathique à la cause du secteur des sables bitumineux, pointent du doigt des organisations environnementales canadiennes pour avoir accepté des fonds d'importantes fondations américaines afin de financer leurs campagnes contre les sables bitumineux.

Le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver, a accusé les organisations environnementales et autres groupes «radicaux» de chercher à utiliser l'argent de «groupes d'intérêt spéciaux étrangers» pour détourner les audiences sur le projet de conduite devant permettre l'acheminement de bitume extrait des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'à un port de la côte de la Colombie-Britannique.

Toutefois, le fédéral ne semble pas avoir le moindre scrupule à accepter des fonds de fondations privées américaines, dont certaines figurent parmi celles qui ont aussi versé des montants d'argent à des groupes environnementaux canadiens.

Par exemple, des déclarations de revenus faites aux États-Unis permettent d'apprendre que la William and Flora Hewlett Fondation a versé 750 000 $ à la Fondation David Suzuki et pas moins de 40 millions $ au Centre de recherches pour le développement international (CRDI), une société de la Couronne.

La Hewlett Foundation à également accordé 1,3 million $ à la Pembina Foundation for Environmental Research and Education, 400 000 $ à la Société pour la nature et les parcs du Canada ainsi que 275 000 $ à Ecojustice Canada.

Par ailleurs, la John D. and Catherine T. MacArthur Foundation a versé 695 000 $ au World Wildlife Fund Canada ainsi que 300 000 $ au ministère fédéral des Affaires étrangères et du Commerce international.

Le ministère n'a pas immédiatement répondu aux questions à ce sujet.

Un porte-parole du bureau du premier ministre s'est vu demander s'il y avait une différence entre les organisations environnementales et le gouvernement fédéral lorsqu'il était question d'accepter de l'argent de fondations privées américaines.

«Le gouvernement encourage les dons de charité et la philanthropie», a écrit Andrew MacDougall, directeur adjoint des communications du bureau du premier ministre, dans un courriel.

«Mais le gouvernement croit que les décisions de réglementation ayant trait au développement responsable des ressources naturelles du Canada devraient revenir aux Canadiens. Après tout, le développement de ces ressources génère des revenus fiscaux qui financent des services cruciaux sur lesquels comptent les Canadiens, incluant les soins de santé et l'éducation», a-t-il ajouté.

«Voilà pourquoi les décisions relatives à ces projets devraient être prises par des Canadiens et devraient reposer sur les intérêts des Canadiens», a enfin indiqué M. MacDougall.