Le gouvernement britannique a donné jeudi son autorisation à la reprise de forages exploratoires de gaz de schiste par fracturation hydraulique, mais en l'assortissant de nouveaux contrôles pour éviter les risques sismiques que peut causer cette technique controversée.                

«Le gaz de schiste représente une nouvelle ressource énergétique potentielle prometteuse pour le Royaume-Uni, qui peut contribuer significativement à notre sécurité énergétique en réduisant notre dépendance vis-à-vis du gaz importé», a expliqué le ministre chargé de l'Énergie et du Changement climatique, Edward Davey.

Le libéral-démocrate a souligné que cette source d'énergie serait «particulièrement précieuse pour remplacer les ressources en déclin dans la mer du Nord» et permettrait de créer des emplois, de nouvelles recettes fiscales et d'encourager l'économie.

L'organisation patronale britannique IoD avait estimé en septembre que le gaz de schiste pourrait représenter 10 % de la demande de gaz du pays durant un siècle.

Il n'y a pas d'exploitation de ce type de gaz actuellement dans le pays et l'exploration, menée par une seule entreprise, avait été suspendue l'an dernier.

La firme énergétique britannique Cuadrilla Resources avait en effet dû interrompre en 2011 ses forages exploratoires dans la région côtière du Lancashire, dans le nord-est de l'Angleterre, après l'enregistrement de légères secousses telluriques dans les environs de Blackpool.

Le feu vert du gouvernement est donc assorti de nouvelles mesures de contrôle, qui prévoient notamment une surveillance de l'activité sismique avant, pendant et après le recours à la fracturation hydraulique.

Ces forages consistent à fracturer la roche en grande profondeur avec un mélange d'eau et de produits chimiques projeté à haute pression, afin d'en libérer les hydrocarbures.

Cette technique est interdite en France. Jugée polluante par ses détracteurs, elle est cependant très utilisée aux États-Unis, où elle a permis de développer une importante exploitation du gaz de schiste.

La décision du gouvernement britannique était attendue : le ministre des Finances George Osborne avait même annoncé dans son discours d'automne début décembre des exemptions fiscales pour le gaz de schiste.

Dès le printemps, des experts nommés par le gouvernement avaient recommandé dans un rapport la poursuite des forages, à condition qu'ils s'accompagnent d'outils de surveillance plus stricts.

Pour l'heure, seul Cuadrilla mène des forages dans le pays, mais le gouvernement espère désormais que d'autres entreprises vont se lancer dans des recherches.

Toutefois, M. Davey est resté prudent, soulignant qu'il faudrait attendre l'an prochain pour voir de nouvelles explorations autorisées, et probablement «quelques années» avant de débuter la production.

L'annonce du gouvernement a suscité des réactions contrastées, le patronat y voyant une source potentielle d'emplois et d'énergie à bon marché, tandis qu'une partie des riverains et les écologistes s'inquiètent des risques de pollution.

«À travers le pays, nos communautés vont être perturbées par cette décision, qui menace de contaminer notre eau et l'air, ainsi que de saper nos objectifs vis-à-vis du climat», a condamné l'association écologiste des Amis de la Terre.

Au même moment, le Comité sur le changement climatique, chargé de conseiller le gouvernement, soulignait dans un rapport que la facture énergétique pourrait s'alourdir à long terme pour les ménages si le pays dépendait trop du gaz au détriment des énergies renouvelables et du nucléaire.