De nombreuses pistes sont à l'étude pour réduire les risques environnementaux liés à l'extraction du gaz de schiste, les plus avancées visant à améliorer la fracturation hydraulique, et d'autres plus lointaines à rechercher des méthodes alternatives à cette technologie décriée.    

Le premier axe de ces recherches consiste à «améliorer la fracturation hydraulique au niveau environnemental, pour la rendre plus acceptable», explique à l'AFP Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP).

La fracturation consiste à injecter sous pression à de grandes profondeurs de l'eau (95 %) additionnée de sable (4,8 %) et d'adjuvants chimiques (0,2 %). Le tout permet de créer de petites fissures dans la roche-mère et de libérer le pétrole ou le gaz de schiste qu'elle contient.

Les industriels sont à pied-oeuvre pour réduire les quantités d'eau utilisées, un problème essentiel dans les régions en état de pénurie.

Certaines sociétés proposent aussi d'ores et déjà «des adjuvants à l'impact faible dans l'environnement : des produits de qualité alimentaire comme la gomme de guar (un épaississant d'origine végétale, NDLR) ou encore utilisés dans les piscines ou les produits ménagers», non toxiques pour l'environnement, souligne François Kalaydjian, directeur des technologies durables à l'IFP Énergies Nouvelles (ex-Institut français du pétrole).

«On pourrait travailler aussi sur un matériau qui remplacerait le sable et éviterait d'avoir à utiliser des adjuvants», avance-t-il.

En outre, une meilleure connaissance du sous-sol permettrait de minimiser les risques de micro-séismes (qui étaient apparus lors de forages exploratoires au Royaume-Uni), en contournant les zones où forer pourrait réactiver des failles déjà existantes.

Le second grand axe de recherches vise à remplacer l'eau utilisée pour la fracturation hydraulique par d'autres liquides, comme du GPL (gaz de pétrole liquéfié) ou même du gaz comme le gaz carbonique.

Plusieurs sociétés sont actives sur ce créneau en Amérique du Nord. Le canadien Gasfrac expérimente une technique de fracturation au gel de propane, et l'américain Baker Hughes travaille sur le CO2 ou l'azote (procédé dit «VaporFrac»).

Cependant, «il reste à démontrer que ces technologies sont aussi sûres et économiques que la fracturation hydraulique», souligne Christopher Baronzzi, un avocat américain spécialisé dans l'industrie pétrolière. «Mais au fur et à mesure que la pression monte pour préserver les ressources en eau propre, la pression augmente sur le secteur pour trouver des alternatives viables à la fracturation hydraulique».

Enfin, des méthodes radicalement différentes sont évoquées au sein du secteur, mais ne sont encore que des hypothèses. Elles visent à fissurer la roche-mère non plus par l'injection d'un fluide sous pression, mais par des procédés thermiques, acoustiques, ou encore des micro-charges explosives.

Mais de telles méthodes ne seront pas développées «avant plusieurs années», prévient le président de l'UFIP.

En attendant, les déclarations mardi de François Hollande, qui a dit qu'il «prendr(ait) ses responsabilités» si une technique propre apparaissait, ont mis un peu de baume au coeur des industriels, une semaine après que le gouvernement eut rejeté la proposition du rapport Gallois en faveur de la recherche sur les techniques d'extraction.

Mais plusieurs ONG restent résolument hostiles par principe à toute exploitation du gaz de schiste, avec ou sans fracturation, car elles voient dans les énergies fossiles une entrave à la lutte contre le réchauffement climatique.

Une position clairement réaffirmée mercredi par la Fondation Nicolas Hulot, qui exige que la recherche publique et privée se concentre «sur les énergies renouvelables».