Les opposants aux gaz de schiste intensifieront leurs moyens de pression au cours de l'automne prochain afin de gagner la bataille de l'opinion publique.

Outre des projets de manifestations, ils mettront notamment sur pied une table ronde sur les énergies nouvelles, pour proposer des solutions de rechange aux gaz de schiste et ne pas se cantonner au rôle d'opposition.

«Moi, j'en ai un peu ras-le-bol de cette espèce d'énoncé du gouvernement selon lequel nous sommes des éco-anarchistes», a déploré un des porte-parole des regroupements d'opposants, Paul Lamoureux, qui a confirmé, en entrevue lundi à La Presse Canadienne, la tenue de la table ronde.

Il a défendu sa réputation, lui qui a eu une longue carrière dans le domaine scientifique, à titre de chercheur en biologie, comme beaucoup de ses camarades dans cette lutte.

Il a déclaré que les opposants devaient proposer des solutions alternatives parce que le gouvernement prend fait et cause pour l'industrie des gaz de schiste.

«Le gouvernement a réussi à faire croire à une certaine portion de la population que ce serait une catastrophe si on ne sortait pas du sol ces gaz de schiste, alors qu'il y a des solutions alternatives que le gouvernement devrait proposer aux citoyens, mais il ne le fait pas parce qu'il est trop engagé dans le mouvement d'appui à cette industrie.»

Selon lui, il s'agit bel et bien d'une bataille pour convaincre l'opinion publique du bien-fondé de des énergies nouvelles.

La table ronde devrait réunir environ 400 personnes, des experts dans le domaine de l'énergie, chimistes, biologistes, géologues, en septembre.

«Ce sont des gens qui en connaissent autant que les experts des compagnies, mais on n'a pas les moyens financiers de faire valoir notre point de vue comme on le voudrait.»

Une autre représentante des opposants, Lucie Sauvé, a dit qu'il fallait ainsi intensifier les moyens de pression en automne en guise de «stratégie de résistance».

Et par ailleurs, «on développe de plus en plus un argumentaire» pour faire valoir «l'alternative énergétique» au Québec, parce que «le projet gazier est insensé», a-t-elle déclaré dans un entretien téléphonique à La Presse Canadienne.

«S'il y a un pays dans le monde qui a le potentiel, les ressources et le talent pour devenir leader des énergies alternatives, c'est le Québec», a dit Mme Sauvé, qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation relative à l'environnement, à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

Un autre des porte-parole des groupes d'opposants, Pierre Brazeau, voit l'intensification des moyens de pression comme un «crescendo» pour contrer «l'entêtement» du gouvernement et de l'industrie à exploiter la filière gazière.

Il cite en exemple la nouvelle campagne lancée récemment par les opposants. En effet, plutôt que de faire circuler une pétition dont ils doutent de l'influence véritable, les regroupements font signer par les citoyens des zones convoitées par les gazières des formulaires juridiques. Les signataires refusent ainsi que les gazières utilisent leur terrain; à défaut de respecter ce refus, elles s'exposent à des poursuites.

Aux yeux de M. Brazeau, il s'agit d'une autre façon d'«accroître l'arsenal» des opposants.

«C'est encore un petit bébé, on amorce la campagne et on va l'intensifier à compter du 1er août», a-t-il dit au cours d'une entrevue téléphonique.