Ginger Simonson enchaîne les indications d'un ton posé, en s'assurant d'être bien comprise, alors qu'elle guide La Presse dans les rues de cette banlieue chic, blanche et ultra-républicaine. Puis, elle remarque l'écran du GPS. «C'est vrai, vous n'avez pas besoin de moi, mais je suis habituée, dit-elle. Dans l'armée, il fallait être très bon copilote.»

Mme Simonson, 54 ans, est lieutenant-colonel de l'armée des États-Unis, à la retraite depuis 2005. Son nouveau combat, elle le mène contre l'industrie gazière. «Une chose est sûre, l'industrie ne peut m'accuser d'être une dangereuse gauchiste antipatriotique», dit-elle.

Le réveil a sonné en janvier 2010, quand le conseil municipal a adopté un règlement permettant les forages gaziers. «Six cents personnes se sont rendues au conseil pour protester, mais ils nous ont regardé et ils ont voté pour le règlement quand même», dit-elle.

Avec un groupe de citoyens, elle a recueilli 6000 signatures pour forcer l'adoption d'un règlement plus strict. Le sujet a dominé les élections suivantes. L'ancienne équipe a été mise à la porte. Un moratoire a été imposé. Mais pas avant qu'une soixantaine de forages aient été autorisés.

Son cheval de bataille est maintenant la prolifération des gazoducs, conséquence naturelle de la multiplication des puits. «Il faut que le conseil municipal comprenne à quel point les gazoducs vont compromettre le développement futur et ordonné de la Ville», dit-elle.