Talisman Energy a reçu un avis d'infraction pour n'avoir pas réussi à colmater la fuite de son puits de Leclercville, à Lotbinière, a appris La Presse.

L'avis, transmis hier, fait suite à une inspection qui a eu lieu le 21 janvier, le jour même où le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP), Pierre Arcand, a déclaré qu'il sentait que l'industrie gazière n'avait «pas le contrôle de la situation».

L'entreprise avait obtenu le 9 décembre dernier l'autorisation du gouvernement afin de procéder au colmatage de cette fuite par l'injection de ciment à 2000 m de profondeur.

L'avis d'infraction reproche à Talisman d'«avoir émis (...) un contaminant, soit du méthane (gaz)», en contravention avec l'article 20 de la Loi sur la qualité de l'environnement.

En date d'hier, le problème persistait, et c'est pourquoi l'avis d'infraction a été émis, selon Sarah Shirley, porte-parole du ministre Arcand.

Vincent Perron, de Talisman, s'est dit «surpris», hier, d'avoir reçu cet avis d'infraction, qu'il juge prématuré: «Les travaux de cimentation peuvent prendre plusieurs semaines. On est en plein coeur des travaux et ils progressent normalement. Il y a des ingénieurs spécialisés sur place et nous avons la situation en main. Ça se fait en plusieurs étapes, et nous n'avons franchi que les premières étapes. Nous sommes très ouverts avec les gens du Ministère et d'autant plus surpris de recevoir cet avis d'infraction.»

M. Perron nie en particulier que la fuite de gaz soit «susceptible de porter atteinte à la vie, à la santé, à la sécurité» de l'être humain, comme le dit l'avis d'infraction. «Selon les relevés des appareils que portent les employés sur le chantier, il n'y a aucun risque pour la santé et la sécurité», a-t-il dit.

Les travaux ont commencé au début du mois de janvier. Vendredi dernier, le 21 janvier, un inspecteur du MDDEP a constaté que « les travaux correctifs (...) n'ont pas permis de corriger la problématique relative à ce puits», selon l'avis d'infraction.

Mésentente

Le MDDEP et le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) ne semblent pas d'accord au sujet du risque de contamination que pose la situation à Leclercville.

«Compte tenu des risques potentiels de contamination, notamment (de) la nappe phréatique, nous exigeons qu'un rapport précisant les vérifications de l'intégrité des coffrages de ce puits (...) nous soit présenté», affirme le MDDEP.

La semaine dernière, le MRNF a pourtant affirmé qu'il n'y avait aucun risque pour l'eau souterraine, ce que maintient M. Perron: «Il n'y a pas de migration de gaz à l'extérieur du puits. Le gaz migre entre les deux coffrages et s'échappe par l'évent. Il n'entre pas en contact avec la nappe phréatique.»

L'Association québécoise de lutte à la pollution atmosphérique (AQPLA) se réjouit de voir que le MDDEP s'acquitte de ses responsabilités, mais croit que cela aurait dû être fait plus tôt: «Nous demandons ces inspections depuis le mois de septembre, pour de bonnes raisons, a dit André Bélisle, de l'AQLPA. Quand nous avons rencontré M. Arcand, en novembre, nous lui avons redit que son ministère devait faire son travail. Nous étions surpris de voir que, en premier lieu, c'était le ministère des Ressources naturelles qui avait fait les inspections.»

Le MRNF avait transmis son rapport d'inspection au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, mais dans des tableaux qui donnaient très peu d'information. Ceux-ci ne faisaient aucune référence aux travaux pour colmater la fuite du puits de Leclercville, qui étaient pourtant déjà autorisés.

Un autre puits reçoit un avis d'infraction

La société Canbriam, de Calgary, a elle aussi reçu un avis d'infraction, hier, pour avoir émis du méthane, à son puits de La Présentation. Le MDDEP lui demande «de procéder immédiatement aux corrections qui s'imposent afin de faire cesser ce rejet».

Joint par La Presse, le président de Canbriam, Paul Myers, croit que le MDDEP n'a pas la bonne information au sujet de ce puits. «Il y a un débit de gaz de 2,5 m3 par jour, ce qui n'est presque rien. C'est 100 fois moins que ce qui est considéré comme sérieux. Nous allons appeler le Ministère dès demain matin (ce matin).»