Gaz Métro assure que l'exploitation du gisement québécois de gaz de schiste permettra de diminuer globalement les émissions de gaz à effet de serre (GES).

L'énergie dépensée dans le transport du gaz depuis l'Alberta compte pour 3% à 7% du volume de gaz livré, selon Martin Imbleau, vice-président exploitation et projets majeurs de Gaz Métro.

«On éviterait l'émission de 125 000 tonnes de GES en remplaçant seulement 20% du gaz importé par du local», a dit M. Imbleau. Il s'agit du millième des émissions totales de GES du Québec.

M. Imbleau reconnaît que le Québec héritera des émissions de GES liées au forage et à l'exploitation des puits. «Mais les émissions évitées pendant le transport, c'est un gain net», a-t-il dit.

Il a ajouté qu'il existe un autre potentiel de réduction de 2,3 millions de tonnes de GES avec le remplacement du mazout lourd par le gaz naturel. En effet, pour une production de chaleur équivalente, le gaz émet 25% moins de GES que le mazout. Le Québec consomme près de la moitié du mazout lourd utilisé au Canada, a souligné M. Imbleau.

Une «feuille de route»

L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) ne s'oppose pas à l'exploitation du gaz de schiste, mais propose une démarche s'étalant jusqu'en 2018 pour décider d'aller de l'avant ou non.

L'organisme exige d'abandonner l'analyse au cas par cas qui a cours actuellement. «Quand on entend parler de 5000, 10 000 ou 15 000 puits, il faut se préoccuper des impacts cumulatifs, et si on ne le fait pas, on a un grave problème», a dit André Bélisle, président de l'AQLPA.

La «feuille de route» de l'AQLPA commencerait par l'acquisition de connaissances et l'établissement du cadre législatif. Suivrait une étude environnementale stratégique qui servirait de base à des audiences du BAPE. Puis, des projets-pilotes seraient réalisés dans des communautés consentantes. Enfin, le cadre réglementaire serait ajusté en fonction des projets-pilotes.

L'organisme propose aussi une nouvelle formule pour soumettre les projets gaziers au processus d'autorisation environnementale.

«Si on assujettit chaque forage à une autorisation, l'industrie va dire que ça n'a pas de sens, dit Dominique Neuman. Si on se dit: «Il y en a trop, alors on fait rien», ce n'est pas mieux. Nous proposons de regrouper les forages en projets gaziers, qui pourraient être évalués globalement devant le BAPE.»

La société Talisman a cependant indiqué qu'il y a une limite à concevoir des projets plus globaux. «Typiquement, nous avons des plans pour la prochaine année, a affirmé Jim Fraser, de Talisman. Nos plans à plus long terme ne sont pas assez précis et ils changent rapidement avec les conditions du marché.»

L'UPA craintive

Le président de l'Union des producteurs agricoles (UPA), Christian Lacasse, a aussi exhorté le BAPE d'obtenir un portrait d'ensemble de l'industrie et de ses impacts cumulatifs. «Les terres agricoles sont déjà très limitées au Québec, a-t-il dit. C'est à peine 2% du territoire.»

«Le gouvernement (...) devrait analyser les impacts cumulatifs du développement à grande échelle de cette industrie sur les activités agricoles de la plaine du Saint-Laurent, affirme l'UPA dans son mémoire. La concentration sur le territoire et la localisation des projets (gaziers) peuvent compromettre la pérennité des activités agricoles dans plusieurs régions.»

Alors que la plupart des mémoires déplorent le manque d'information sur les projets de l'industrie et ses impacts, pour certains, on en sait déjà assez. «On en sait suffisamment pour savoir qu'il faut écarter ce projet qui, de toute façon, n'a pas de sens, dit Lucie Sauvé, professeure à l'UQAM en éducation relative à l'environnement. Parce qu'il faut impérativement passer à des sources alternatives d'énergie. À quoi bon faire des accommodements raisonnables à l'industrie déraisonnable du gaz de schiste?»