Faute d'avoir pu faire venir des témoins de l'État de New York, la commission du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) qui étudie le développement durable du gaz de schiste pourrait s'y rendre afin de mieux comprendre la réglementation de l'industrie là-bas et le débat que cela suscite.

«Nous avons pris contact avec des gens de New York, a dit le président de la commission, Pierre Fortin. Leur responsable était disponible seulement par téléphone. On va évaluer la pertinence d'aller à New York ou de faire une vidéoconférence avec eux.»

L'État de New York est celui qui dresse le plus d'obstacles devant l'industrie.

Les forages sont interdits dans les régions qui servent de réserve d'eau potable pour les villes de New York et de Syracuse. De plus, une proposition de moratoire a été adoptée au Sénat de l'État, en attendant l'adoption d'une nouvelle réglementation, en cours de rédaction. La Chambre des représentants ne s'est pas prononcée sur le sujet et le moratoire n'a donc pas été appliqué.

C'est aussi dans cet État que l'Agence fédérale de protection de l'environnement (EPA) a tenu des audiences dans le cadre de son réexamen de l'impact de l'industrie sur l'environnement.

De son côté, dans sa préparation de la future loi sur les hydrocarbures, le ministère des Ressources naturelles (MRNF) ne compte pas s'inspirer des réglementations américaines, selon ce qu'a indiqué au BAPE Jean-Yves Laliberté, coordonateur de l'exploration au Ministère. «Nous faisons des comparaisons avec l'Alberta et la Colombie-Britannique seulement, a-t-il dit. Et c'est vraiment la Colombie-Britannique qui a un modèle intéressant. Nous n'avons pas vraiment regardé les législations du côté américain.»

Le BAPE s'est déjà rendu au Texas et compte visiter la Pennsylvanie et la Colombie-Britannique.

Hier, au cours des audiences, le MRNF a confirmé que les trois régions les plus prometteuses pour leurs ressources en gaz sont la région de Saint-Hyacinthe, la zone au sud de Bécancour et les environs de Saint-Édouard et Leclercville, dans Lotbinière.

Cependant, même si la ressource est présente sous les zones urbaines comme celle de Saint-Hyacinthe et que ces dernières sont sous permis, il n'est pas question de forer en milieu urbain, selon M.Laliberté. «En pleine ville, il y a tellement de restrictions dans notre réglementation qu'il est pratiquement impossible d'y faire des forages», a-t-il dit.

Par ailleurs, l'industrie et les experts ont dû répondre aux questions d'un citoyen de Saint-Jude, où quatre personnes ont péri au printemps dernier dans un glissement de terrain, qui voulait savoir si les opérations gazières pouvaient déclencher un tel cataclysme.

Dans la phase d'exploration, l'industrie utilise de la dynamite ou des camions vibreurs pour connaître la structure des couches géologiques profondes. «Lorsqu'il y a des terrains sensibles, on va prendre des mesures particulières, a indiqué Jean-Yves Lavoie, de Junex. On fait affaire avec des firmes spécialisées de génie civil, qui nous conseillent soit de baisser les charges, soit d'utiliser moins de camions ou d'éviter les zones. On est très prudents dans ces cas-là.»

Selon le citoyen, à Saint-Jude, du dynamitage a été fait par l'industrie après le glissement de terrain. «Alors, merci pour la prudence!» a-t-il lancé, ironique.