Avec le décorum imposé par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), le débat sur le gaz de schiste a vécu un changement de ton radical hier, après les assemblées houleuses de l'industrie ces dernières semaines.

«Je ne tolère aucune forme d'approbation ou de désapprobation, j'exige la discipline», a lancé le président Pierre Fortin à la première manifestation de la foule de quelque 200 personnes rassemblée pour le premier soir d'audiences.

Une quarantaine de personnes-ressources de l'industrie, de six ministères provinciaux et d'universités étaient présentes pour répondre aux questions.

Pour préparer l'audience, la commission du BAPE s'est déplacée au Texas et en Alberta et a tenu des vidéoconférences avec les autorités compétentes de la Colombie-Britannique. Elle compte aussi se déplacer dans la région de Fort Nelson dans cette province, ainsi qu'en Pennsylvanie, «pour mieux comprendre ce qui ne fonctionne pas et ce qui fonctionne bien».

Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) a lancé la consultation en résumant l'état de la ressource.

Selon Jean-Yves Laliberté, du MRNF, il y a quarante mille milliards de pieds cubes de gaz, soit une valeur de 200 milliards, assez pour 200 ans de consommation.

Cependant, des questions se posent. «Notre performance en matière d'émission de gaz à effet de serre sera-t-elle affectée? Est-ce que les redevances seront suffisantes? Y aura-t-il des retombées régionales significatives?»

Divergence

Sur la première question, une divergence est apparue entre le MRNF et le ministère de l'Environnement (MDDEP).

Si le MRNF dit qu'il y a un potentiel de réduction par la substitution de carburant plus polluant par le gaz, Marie-Eve Boucher, du MDDEP, estime qu'il «est trop tôt pour faire des hypothèses de substitution».

«Pour l'inventaire de gaz à effet de serre du Québec, c'est ce qui se passe sur le territoire du Québec, a-t-elle dit. Les émissions associées à la production seraient ajoutées au bilan du Québec. Pour qu'il y ait un gain, il faut des substitutions.»

Après des présentations d'experts, les citoyens ont pu poser des questions. La retransmission simultanée dans les régions de Bécancour et de Lotbinière a semblé ne pas susciter un intérêt très grand, un ou deux tours de paroles ayant été donnés dans ces régions.

À Saint-Hyacinthe, le président Pierre Fortin a strictement fait valoir qu'aucun commentaire préalable ne serait toléré, ce qui a coupé l'élan de plusieurs interventions de citoyens et de militants.