«La locomotive va dérailler», prévient Bernard Généreux, président de la Fédération québécoise des municipalités (FMQ), au sujet du gaz de schiste.

La FMQ croit que le débat est très mal parti. Tellement qu'elle pourrait demander un moratoire demain. «On aura une position claire exprimée par nos membres. Je pense qu'a priori, il ne faut exclure aucun scénario», y compris un moratoire, a dit M. Généreux, hier, dans un point de presse en marge du congrès annuel de la FMQ.

M. Généreux évite de se prononcer personnellement avant d'avoir l'avis de ses membres, mais il juge tout de même que le gouvernement va trop vite. «Il serait sage de se donner un peu de temps pour réussir ensemble l'exploitation de cette filière. Si on s'entête à aller dans une direction où les citoyens ne sont pas au rendez-vous, on peut présumer du pire.»

Le président de la FMQ déplore le manque d'information et craint que Québec ne brade ses richesses: la vieille Loi sur les mines, selon lui, «fait de nous des spectateurs impuissants» et ne peut plus servir.

D'autres maires partagent ses inquiétudes, mais l'idée d'un moratoire ne fait toutefois pas consensus. «Je ne suis pas contre», dit Gilles Plante, préfet de la MRC de la Vallée-du-Richelieu. «Je ne pense pas que ce soit la bonne solution», affirme quant à lui Maurice Richard, préfet de la MRC de Bécancour.

»Pas un bon signal»

La FMQ ne critique pas seulement la gestion du dossier du gaz de schiste. Elle estime que, dans plusieurs autres domaines, le gouvernement Charest n'envoie «pas le bon signal».

M. Généreux attend encore la compensation promise par Québec pour les coûts de la collecte sélective des déchets. Il accuse en outre le gouvernement d'avoir «laissé les multinationales imposer leur volonté aux communautés» dans l'exploitation de l'énergie éolienne.

Dans son allocution d'ouverture, le président a également interpellé le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, présent dans la salle. «Vous vous étiez engagé, au congrès de la FMQ, l'année dernière, à livrer un plan concerté d'occupation du territoire pour le printemps 2010», a-t-il rappelé. Ce plan se fait encore attendre. «Nous ne pouvons accepter un échéancier au-delà de l'automne», a prévenu M. Généreux.

Il craint aussi le pire avec la refonte de la carte électorale: retirer trois députés en région n'est pas un bon signal, a-t-il lancé à M. Charest. La FMQ déplore le manque d'ouverture du gouvernement et de l'opposition dans le dossier. Les deux partis n'arrivent pas à s'attendre. M. Charest et Mme Marois se sont renvoyé la balle plus tard en après-midi.