Un tremblement de terre de magnitude 5 à 7 sur l'échelle de Richter pourrait mener à une catastrophe nucléaire à la centrale de Gentilly-2, située à Bécancour, dans le Centre-du-Québec.

C'est du moins ce que soutient le physicien nucléaire Michel Duguay dans une étude commandée par le mouvement Sortons le Québec du nucléaire et dévoilée mercredi.

Si un tremblement de terre devait survenir à proximité de la centrale et que son épicentre se situait près de la surface de la terre, la centrale subirait des bris importants, soutient Michel Duguay. Celui-ci évoque même la possibilité que le coeur du réacteur fonde, du moins en partie.

«Un séisme caractérisé par une accélération maximum du sol pourrait causer des bris de tuyaux et entraîner une perte importante de caloporteur», indique le professeur Duguay.

L'accélération maximum du sol est mesurée par le «peak ground acceleration», calculée à l'aide de la force de l'accélération terrestre («g»).

Dans son étude intitulée «Danger nucléaire au Canada, séisme ou tsunami?», Michel Duguay indique que Gentilly-2 pourrait devoir faire face à des accélérations de 0,6 g. Or, la centrale a été conçue pour résister à des accélérations de 0,15 g.

Le professeur Duguay va même jusqu'à affirmer que la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) cache des faits au public. Il avance que la CCSN a modifié, dans l'un de ses rapports, des cartes de la Commission géologique du Canada (CGC) pour dissimuler des valeurs d'accélération maximum.

Les dangers reliés à la centrale de Gentilly-2 sont bien réels, même si la probabilité qu'une catastrophe nucléaire survienne est faible, estime Christian Simard, directeur général de Nature Québec et porte-parole du mouvement Sortons le Québec du nucléaire.

À quelques jours de l'anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima, au Japon, il rappelle que Gentilly-2 se situe non loin d'une faille qui longe le fleuve Saint-Laurent.

Si le pire devait survenir, M. Simard estime que quelque 169 000 personnes seraient évacuées dans un périmètre de 20 km entourant la centrale. Des pertes économiques de 10 milliards $ seraient occasionnées dans la première année suivant l'accident.

Selon Christian Simard, Québec ne peut se permettre de prendre un tel risque. Il demande au gouvernement Charest de démanteler la centrale.

«Pourquoi prendre ce risque quand ça occupe moins de deux pour cent de notre portefeuille énergétique et que nous sommes en situation de surplus?», se questionne-t-il.

Rappelons que Québec examine un projet de réfection de la centrale qui s'élèverait à 2,5 milliards $.