Le ministre de l'Industrie Eric Besson a déclaré vendredi que le scénario d'une réduction à 50% en 2025 de la part du nucléaire dans la production énergétique française, prôné par François Hollande dans le cadre des primaires du PS, était à l'étude parmi d'autres.

«Ce scénario du nucléaire à 50% en 2025, j'ai demandé qu'il soit étudié au sein de la commission dite «Energie 2050» que j'ai lancée récemment», a dit le ministre en marge d'une visite à Bollène (Vaucluse), après que Martine Aubry et François Hollande se sont opposés sur le sujet lors du premier débat des primaires du PS jeudi soir.

«Mais il faut aller au bout du raisonnement», a ajouté M. Besson à l'intention de M. Hollande, en l'invitant à préciser «ce que seraient dans ce cas les énergies alternatives, leurs coûts et dans quelles conditions on maintiendrait le parc nucléaire à ce niveau».

«Par quoi remplace-t-on les centrales nucléaires qui atteindront 40 ans d'âge d'ici là, si dans le même temps on dit qu'il faut renoncer à l'EPR ?», a insisté le ministre.

«Les Allemands ont décidé de sortir du nucléaire, mais en même temps ils acceptent une hausse du prix de l'électricité, l'ouverture de centrales au gaz et au charbon. On verra, dans l'élection présidentielle, quelle sera la position de chacun par rapport à cela», a poursuivi M. Besson.

Le ministre, confiant avoir regardé l'intégralité du débat des primaires socialistes, a épinglé aussi Martine Aubry. «Elle a commis un certain nombre d'erreurs factuelles, comme lorsqu'elle dit que pour le démantèlement des centrales, il faut recycler les métaux utilisés dans l'industrie nucléaire, ce qui est impossible», dans un scénario de sortie du nucléaire, a-t-il dit.

Le ministre a inauguré vendredi à Bollène la centrale photovoltaïque au sol installée par la Compagnie nationale du Rhône (CNR), filiale de GDF Suez, avant de visiter la nouvelle usine d'enrichissement d'Areva, «Georges Besse 2», sur le site nucléaire voisin de Tricastin.

«D'une puissance de quatre mégawatts-crête, notre ferme solaire produit 5200 mégawatts à l'année, soit l'équivalent de la consommation en électricité de 1.500 foyers, hors chauffage», a précisé le PDG de la CNR, Michel Margnes. La centrale est composée de 17.600 panneaux solaires de fabrication française, pour un investissement total de 11 millions d'euros.

«L'énergie solaire a un potentiel considérable, c'est notre conviction, même si elle doit encore progresser, notamment dans ses coûts», a souligné de son côté le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet.

«Je lis et j'entends que le gouvernement aurait mis un frein aux énergies renouvelables, il leur a au contraire accordé un soutien sans précédent», a affirmé M. Besson, précisant que «depuis 2007, la puissance éolienne installée a été multipliée par quatre et la puissance solaire photovoltaïque par 100».

Dans le domaine hydraulique, autre spécialité de la CNR, MM. Margnes et Mestrallet ont fait du renouvellement des concessions un «enjeu majeur» pour 2012.

GDF-Suez veut accroître sa production hydro-électrique de 1500 à 2000 mégawatts d'ici à 2015, a souligné M. Mestrallet, rappelant au passage que la CNR est la seule compagnie du secteur à verser une redevance à l'État.

«En ces temps où l'on cherche à supprimer des niches fiscales, je tenais à le signaler», a-t-il glissé.