James Hansen aurait vraiment voulu se tromper. Il a plutôt eu raison.

M. Hansen, le climatologue en chef de la NASA en 1988, a averti le monde entier, il y a 30 ans, que le réchauffement de la planète était là et qu'il s'aggravait. Dans une étude scientifique publiée quelques mois plus tard, il a même prévu à quel point il ferait chaud, en fonction des émissions de gaz à effet de serre.

Le monde plus chaud prédit par M. Hansen en 1988 s'est essentiellement matérialisé. Trois décennies plus tard, la plupart des climatologues interrogés s'extasient sur l'exactitude des prédictions de M. Hansen compte tenu de la technologie de l'époque.

M. Hansen ne dira pas: «Je vous l'avais bien dit».

«Je ne veux pas avoir raison de cette manière», a déclaré M. Hansen à l'Associated Press, dans une entrevue accordée à son appartement de New York. Car avoir raison signifie que le monde se réchauffe à un rythme sans précédent et que les calottes glaciaires de l'Antarctique et du Groenland fondent.

M. Hansen aurait préféré «que l'avertissement soit pris en compte et que des mesures soient prises».

Rien de tout cela ne s'est produit. M. Hansen, maintenant âgé de 77 ans, regrette de ne pas avoir su «rendre cette histoire suffisamment claire pour le public».

Le réchauffement de la planète n'était pas ce que M. Hansen voulait étudier quand il a rejoint la NASA en 1972. Le natif de l'Iowa étudiait Vénus - une planète où l'effet de serre dépasse tout entendement - quand il a commencé à s'intéresser au trou d'ozone de la Terre. En créant des simulations informatiques, il a réalisé que «cette planète était plus intéressante que Vénus». Et plus importante.

Dans leur étude de 1988, M. Hansen et ses collègues ont utilisé trois scénarios différents pour les émissions de gaz à effet de serre - élevées, moyennes ou faibles. M. Hansen et d'autres scientifiques se sont concentrés sur le scénario intermédiaire.

M. Hansen a prédit que d'ici 2017, la température moyenne sur cinq ans de la planète serait d'environ 1,03 degré Celsius supérieure à la moyenne calculée par la NASA entre 1950 et 1980.

La température moyenne mondiale calculée par la NASA pendant la période de cinq ans qui s'est terminée en 2017 était de 1,48 degré supérieure à la moyenne des 30 dernières années. (M. Hansen a omis de tenir compte du fait que le soleil se refroidirait un peu, ce qui réduirait le réchauffement de près de deux dixièmes de degré Fahrenheit, a expliqué Jeff Severinghaus de l'Institution Scripps of Oceanography.)

M. Hansen a également prédit un certain nombre de jours de conditions météorologiques extrêmes - une température de plus de 35°C, des jours glaciaux, des nuits où la température ne descend pas sous 24°C - par an pour quatre villes américaines dans la décennie des années 2010.

Les prévisions de M. Hansen ont généralement sous-estimé le réchauffement pendant cette décennie à Washington, l'ont surestimé à Omaha, et ont été à peu près exactes à New York et à Memphis.

Clara Deser, la responsable de l'analyse climatique au Centre national de recherche atmosphérique, a déclaré que la prévision de température globale de M. Hansen était «incroyable» et que ses extrêmes pour les villes étaient «étonnantes» dans leur précision.

Zeke Hausfather, de Berkeley Earth, donne aux prédictions de M. Hansen un 7 ou 8 pour l'exactitude, sur 10; il a expliqué que M. Hansen a calculé que le climat réagirait un peu plus au dioxyde de carbone que les scientifiques ne le croient maintenant.

John Christy, de l'Université de l'Alabama à Huntsville, un favori de ceux qui minimisent l'impact des changements climatiques, n'est pas d'accord. En utilisant des formules mathématiques pour examiner les projections de M. Hansen, il conclut que «les prédictions de M. Hansen étaient fausses, comme le démontrent les tests d'hypothèses».

M. Hansen avait témoigné devant le Congrès concernant les changements climatiques lors d'une audience de l'automne 1987 qui n'avait pas attiré beaucoup d'attention - probablement parce que c'était une journée fraîche, selon lui.

La prochaine audience avait donc été prévue pour l'été suivant, et la météo s'est chargée d'amplifier les paroles de M. Hansen. À 2 heures du matin, la température atteint un record de 37°C, avec une température ressentie de 39°C.

C'est à ce moment-là que M. Hansen s'est lancé dans le vide en annonçant que le réchauffement climatique était déjà arrivé. Jusque-là, la plupart des scientifiques se contentaient de mettre en garde en vue d'un réchauffement éventuel.

M. Hansen a quitté la NASA en 2013 pour consacrer plus de temps à ce qu'il appelle son «travail [de militant] antigouvernemental».

Toujours à l'Université Columbia, M. Hansen a été arrêté cinq fois lors de manifestations environnementales. À chaque fois, il espérait se retrouver devant un tribunal «pour attirer l'attention sur les problèmes», mais les accusations ont été abandonnées. Il écrit pour sauver la planète pour ses petits-enfants, dont un qui poursuit le gouvernement fédéral en raison de son inaction face au réchauffement climatique. Son plaidoyer a été critiqué par des collègues scientifiques, mais il ne s'excuse de rien.

«Si les scientifiques ne sont pas autorisés à parler des implications politiques de la science, qui va le faire? Les personnes ayant des intérêts financiers?», a demandé M. Hansen.