Les engagements de réduction de gaz à effet de serre pris par les villes, États et entreprises américains ne suffisent pas à compenser l'inaction du gouvernement fédéral, a alerté samedi la coalition d'acteurs locaux America's Pledge.

La communauté internationale s'est fixé pour objectif, à Paris fin 2015, de limiter la hausse des températures à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle.

Les États-Unis se sont engagés à réduire leurs émissions de 26 à 28% d'ici à 2025 par rapport à leur niveau de 2005, mais l'élection de Donald Trump et sa décision de retirer les États-Unis de l'accord, annoncée en juin, ont changé la donne.

Depuis, le gouverneur de Californie Jerry Brown et l'ex-maire de New York Michael Bloomberg ont lancé l'initiative «America's Pledge» (l'engagement américain), pour quantifier les efforts des États, collectivités et entreprises décidées à réduire les émissions des États-Unis, deuxième émetteur mondial après la Chine.

Au 1er octobre, un total de 20 États et 110 villes des États-Unis avaient «promulgué des objectifs chiffrés de réduction des GES», indique America's Pledge dans un rapport présenté à Bonn, où se tient la 23e conférence climat de l'ONU (COP23), en présence de MM. Bloomberg, Brown et de l'ancien vice-président Al Gore.

Les collectivités ayant adopté des objectifs représentent 56% de la population américaine, 60% du PIB et 40% des émissions américaines, précise le rapport.

Plus de 1300 entreprises responsables de près d'un milliard de tonnes d'émissions annuelles ont aussi fixé des objectifs de réduction (le total des émissions mondiales représentait 42 milliards de tonnes en 2015).

Mais «étant donné la politique de l'administration américaine actuelle, les efforts des acteurs non fédéraux ne sont pas suffisants» pour que les États-Unis respectent leur engagement, selon ce bilan.

En dépit des «tendances positives» observées, maintenir «aux États-Unis une dynamique permettant d'atteindre les objectifs climatiques de 2025 et à long terme suppose que le leadership des acteurs non fédéraux se développe et s'accélère», prévient le rapport, écrit par le World Resources Institute et le Rocky Mountain Institute.

«États, villes, entreprises sont le nouveau visage de l'initiative américaine face au changement climatique», soulignent ces deux instituts de recherche dans un communiqué.

«Nous sommes toujours là»

À Bonn, où les représentants climat de près de 200 États, dont les États-Unis, sont réunis jusqu'au 17 novembre, plusieurs sénateurs démocrates américains ont réaffirmé l'engagement de leur pays dans la lutte contre le réchauffement.

«Nous sommes toujours là, l'Amérique sera à la hauteur des engagements que nous avons pris à Paris,» a martelé devant la presse Ben Cardin, élu du Maryland. «Nous sommes sur la bonne voie, quand vous regardez les centrales à charbon fermées ou sur le point de l'être, la part d'électricité générée par les renouvelables, ce que font les Etats...», a-t-il ajouté.

«Le peuple américain est embarrassé de voir que la Syrie accepte de ratifier cet accord et que les États-Unis sont désormais seuls (à le rejeter, ndlr)», a dit Ed Markey (Massachusetts). «Nous sommes ici pour dire au monde que nous sommes avec lui. Donald Trump n'est rien d'autre qu'un occupant temporaire de la Maison-Blanche».

«Le président des États-Unis est une personne puissante, mais il ne peut stopper le mouvement des énergies propres», a appuyé le sénateur Brian Schatz (Hawaï).

Outre l'annonce du retrait de l'accord (qui ne pourra être effectif avant novembre 2020), Donald Trump a annulé le plan de Barack Obama en faveur des énergies renouvelables et réductions d'émissions des centrales.

Mais, selon les experts, sa promesse de revitaliser le secteur du charbon devrait être plus dure à tenir.

L'administration Trump a prévu d'organiser lundi soir à Bonn un débat sur «le rôle d'énergies fossiles plus propres et du nucléaire dans la lutte contre le réchauffement», en présence notamment d'un conseiller énergie du président.