Les experts internationaux qui documentent les changements climatiques, réunis cette semaine à Montréal, sont en mode « système D » : ils envisagent le recours au sociofinancement pour combler le trou de 2 millions dans leur budget provoqué par le retrait de la contribution des États-Unis.

Pourtant, en cette période d'ouragans extrêmes, de sécheresses qui causent des incendies de forêt et de neige en Afrique, les gouvernements ont besoin plus que jamais de données scientifiques rigoureuses avant de prendre des décisions, ont fait valoir les experts, hier, à l'ouverture de la 46session du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC).

« La coopération internationale n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui, alors que les températures extrêmes et les désastres climatiques représentent plus de quatre catastrophes sur cinq à travers le monde », a souligné le Canadien David Grimes, président de l'Organisation météorologique mondiale, lors de l'inauguration de l'événement, qui réunit des délégués de 195 pays.

« Tous ces événements ont des impacts économiques importants. »

La sollicitation de philanthropes et l'imposition d'une cotisation obligatoire pour les États membres font partie des autres solutions mises de l'avant par le comité chargé d'assurer le financement du groupe.

À la suite des discussions du comité, hier après-midi, les organisateurs s'attendent à ce que certains pays augmentent leur participation financière aux activités du GIEC.

FIN DU FINANCEMENT AMÉRICAIN 

Les États-Unis étaient les plus importants bailleurs de fonds du groupe, jusqu'à ce que le président Donald Trump décide de mettre fin à la contribution du pays. Au cours des dernières années, le budget du GIEC était d'un peu plus de 4 millions ; le financement américain couvrait environ 40 % des besoins.

« Le retrait de cette contribution est un choc sur nos finances, évidemment », a admis Youba Sokona, vice-président du GIEC. « Si nous ne pouvons compenser autrement, la suite de nos travaux n'est pas assurée. Mais il y a des solutions possibles. »

La contribution du Canada était de 112 000 $ en 2016, après avoir atteint plus de 400 000 $ en 2012. Le pays hôte de la 46rencontre paie toutefois pour la tenue de l'événement à Montréal.

SE PRÉPARER « À SOUFFRIR »

Les rapports produits par le GIEC font état des plus récentes recherches scientifiques sur le réchauffement de la planète, sur ses conséquences et sur les solutions pour le contrôler. Les états membres sont censés s'en servir pour adopter leurs politiques.

« Pour faire face aux changements climatiques, il n'y a que trois options », a souligné Youba Sokona, qui est originaire du Mali. « D'abord, réduire nos émissions de CO2, pour diminuer l'ampleur du réchauffement. C'est l'activité humaine qui a créé le problème, alors il faut changer nos comportements. Ensuite, il faut s'adapter, puisqu'on ne peut trouver de solutions du jour au lendemain. Finalement, nous devons nous préparer à souffrir, à cause des éléments que nous ne pouvons pas contrôler, ou si nous ne pouvons pas nous adapter. »

Parmi les impacts potentiels des changements climatiques, M. Sokona mentionne une plus grande instabilité, des pénuries de nourriture et d'eau, des inondations dans les régions côtières, l'aggravation de la pauvreté dans les pays les moins développés, des conflits pour s'approprier des terres, et plus de migrations et de déplacements de populations.

Photo IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Youba Sokona, vice-président du GIEC