Toutes les références à l'Australie ont été retirées, sur intervention de Canberra, d'un rapport de l'ONU sur les conséquences du réchauffement climatique sur les sites du Patrimoine mondial, suscitant le désarroi des scientifiques et ONG.

Intitulé Patrimoine mondial et tourisme face au changement climatique, et réalisé conjointement par l'UNESCO, le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) et l'ONG Union of concerned scientists (UCS), le rapport étudie 31 sites naturels et culturels de 29 pays, parmi le millier inscrits sur la liste du Patrimoine mondial.

Cette synthèse des études existantes dresse un tableau alarmant.

Le rapport, qui se penche sur certains hauts lieux touristiques comme Venise, la statue de la Liberté, le parc de Yellowstone (États-Unis), les îles Galapagos (Équateur), devait initialement contenir une partie sur l'Australie.

Il devait ainsi examiner les cas de la Grande barrière de corail (est), qui traverse son pire épisode de blanchissement de coraux de l'histoire, du Parc national de Kakadu (nord) et de la zone de nature sauvage de Tasmanie (sud), ont indiqué des scientifiques à l'AFP.

Mais après avoir vu une ébauche de l'étude, le département australien de l'Environnement a demandé que toute mention de l'Australie en soit retirée.

Le département affirme dans un communiqué avoir indiqué à l'UNESCO qu'il «n'était pas favorable au fait que les sites australiens du Patrimoine mondial figurent» dans l'étude. «Le département craignait que le rapport ne mélange deux choses, le statut des sites dans la liste du Patrimoine mondial et les risques du réchauffement climatique pour le tourisme».

«L'expérience récente de l'Australie a montré que des commentaires négatifs sur le statut des sites inscrits au Patrimoine mondial avaient un impact négatif sur le tourisme.»

La Grande barrière de corail avait en 2015 évité de justesse d'être placée par l'UNESCO sur sa liste des sites en péril.

«Il est inconcevable que l'Australie ne soit pas mentionnée dans un tel rapport», a déclaré Will Steffen, un des auteurs de la section passée à la trappe. «Aucun autre pays n'a demandé à être retiré du rapport.»

«L'information est un pilier de la démocratie, et l'idée que des responsables gouvernementaux fassent pression pour censurer des informations scientifiques sur les plus grands trésors de la nature est très dérangeante.»

L'ONG Greenpeace s'est dite abasourdie.

«Ils cherchent à tromper les Australiens quant aux menaces graves qui pèsent sur les plus grandes merveilles naturelles», a déclaré Shani Tager, de Greenpeace Australie.

Des scientifiques ont annoncé en avril que 93 % des récifs de la Grande barrière étaient affectés par le phénomène de blanchissement de coraux, potentiellement fatal, et provoqué par la hausse de la température de l'eau.