La Grande barrière de corail australienne, le plus grand récif corallien du monde, est plus menacée qu'on ne le pensait, à cause de l'acidification des océans provoquée par le réchauffement climatique, ont indiqué des chercheurs mardi.

La diminution de la quantité d'aragonite - un minéral utilisé par les coraux pour former leur squelette - va probablement s'accélérer avec l'absorption par les océans du gaz carbonique (CO2) issu de la combustion d'énergies fossiles par l'homme, selon une étude parue dans la revue Nature Communications.

L'équilibre chimique des océans en est perturbé, avec une baisse de leur PH (paramètre permettant de définir si un milieu est acide) et de leur concentration en aragonite, une forme cristalline du carbonate de calcium.

Sans aragonite, les coraux, ne pouvant reconstituer leur squelette, se désintégreront avec le temps.

Une équipe de scientifiques d'Australie et d'Arabie saoudite a créé un nouveau modèle pour mesurer le taux d'aragonite sur plus de 3000 récifs de la Grande barrière.

Mesurer sur place le taux d'aragonite sur chaque récif des 2300 kilomètres de la Grande barrière est en effet une tâche impossible.

Selon ces scientifiques, la diminution de l'aragonite «va probablement être plus importante sur la Grande barrière que prévu actuellement» par le GIEC, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat.

Cela suggère que même si les émissions de CO2 sont réduites de manière importante, comme les pays s'y sont engagés, il est peut-être trop tard pour empêcher une réduction de la surface couverte par les coraux et des pertes au niveau de «la biodiversité de cet écosystème».

Les chercheurs ont constaté des différences notables selon les zones, avec un risque accru pour les récifs situés à l'intérieur et dans la partie sud de la Grande barrière.

L'acidité des océans a augmenté de 26 % par rapport à l'ère préindustrielle et les récifs de corail sont peut-être déjà condamnés à l'extinction, selon le GIEC.

Selon l'ONG environnementale WWF, près d'un tiers des récifs coralliens du monde sont déjà perdus et ceux qui restent pourraient disparaître d'ici le milieu du siècle.

Ces écosystèmes uniques représentent moins de 0,1 % de la surface des océans, mais abritent environ un quart des espèces marines, y compris des poissons essentiels pour l'homme.