Consulter, d'accord, mais pas trop longtemps. Alors que le gouvernement Trudeau tente de diminuer les attentes à l'égard de la rencontre fédérale-provinciale à Vancouver la semaine prochaine, des groupes environnementaux espèrent qu'on ne passera pas trop de temps à discuter.

Le directeur exécutif d'Équiterre, Sidney Ribaux, a signalé mardi qu'il espérait qu'on ne soit pas «en train d'en parler encore dans un an», mais plutôt que de nouvelles cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES) soient fixées et que des mesures soient en place pour les atteindre d'ici l'an prochain.

«C'est normal qu'il y ait un processus de consultation, (mais) on espère qu'il sera le plus court possible. Nous, on s'attend à ce que d'ici un an, il y ait des lois, des mesures fiscales, des mesures budgétaires qui soient en place», a-t-il expliqué en point de presse, à Ottawa.

À ses yeux, le Canada a perdu dix ans dans le dossier de la lutte aux changements climatiques quand les conservateurs étaient au pouvoir. Le temps presse.

Dale Marshall de Environmental Defence a renchéri en confiant qu'il souhaitait qu'un «cadre solide» soit adopté à la rencontre entre Justin Trudeau et ses homologues des provinces et territoires à Vancouver, et que des politiques soient mises de l'avant dès l'automne.

Il aimerait par ailleurs que le gouvernement libéral se dote d'une cible de réduction des GES plus rapprochée, avec 2025 comme horizon. «Des cibles plus rapprochées vont faire en sorte que le gouvernement agisse beaucoup plus rapidement», a-t-il fait valoir.

À ce jour, le Canada a promis de réduire de 30 % ses émissions de GES d'ici 2030, par rapport au niveau de 2005. Cette cible, fixée par les conservateurs de Stephen Harper, est jugée insuffisante par les écologistes.

Justin Trudeau avait promis de rencontrer ses homologues dans les 90 jours suivant la Conférence de Paris sur le climat. Plusieurs avaient alors compris que la rencontre à Vancouver aurait pour objectif de fixer de nouvelles cibles de réduction des GES.

La ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, a toutefois récemment modéré les attentes, signalant que la réunion du 3 mars aurait pour but de «commencer la discussion».

À Paris, les pays se sont entendus pour maintenir le réchauffement climatique bien en dessous du seuil de 2 degrés Celsius. Selon M. Ribaux, les cibles actuelles modestes du Canada ne sont pas compatibles avec l'Accord de Paris.

Test climat

MM. Ribaux et Marshall étaient à Ottawa mardi, en compagnie d'autres représentants de groupes environnementaux, pour proposer un «test climat» qui traverserait les frontières et s'appliqueraient tant aux États-Unis qu'au Canada pour les projets d'infrastructures énergétiques.

Ils ont fait cette suggestion en vue d'un autre événement à venir en mars, soit la rencontre entre Justin Trudeau et Barack Obama à la Maison-Blanche. Ce test harmonisé serait appliqué à tous les projets d'envergure de part et d'autre de la frontière, pour s'assurer qu'ils soient en phase avec les engagements de réduction des GES des deux pays, mais aussi qu'ils soient viables économiquement.

Des projets qui augmenteraient la production du pétrole issu des sables bitumineux, comme celui du pipeline Énergie Est de la compagnie TransCanada, seraient peu susceptibles de passer ce test, ont signalé les groupes.