État d'urgence oblige, les Parisiens ne pourront marcher dans leurs rues pour le climat, dimanche. Les Canadiens devraient prendre le relais et battre le pavé en grand nombre pour faire résonner leur message - et celui de leurs «cousins» - à la veille de l'ouverture de la Conférence de Paris.

C'est l'invitation que lance Emma Thompson à la population canadienne. L'actrice britannique, qui prendra part à la marche de Londres, prête sa voix et sa notoriété à l'organisation Greenpeace, qui l'avait invitée l'an dernier à participer à une expédition dans l'Arctique.

«Avec ma fille, nous avons vu de nos propres yeux la fonte des glaciers. J'ai été frappée», a-t-elle relaté en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne depuis Londres, vendredi.

Des foules marcheront pour le climat dans de nombreuses villes aux quatre coins de la planète, dimanche. Au Canada, la marche principale se tiendra à Ottawa et prendra fin avec un grand rassemblement devant le parlement.

«Nous sommes dans une situation très grave parce que depuis 20 ans, 30 ans, les gouvernements successifs ont refusé de respecter leurs engagements, comme (le protocole de) Kyoto», a fait valoir Mme Thompson dans un entretien qui s'est déroulé en français.

«Alors à Paris, il faut que ce soit différent», a tranché celle que l'on a notamment vue au grand écran dans les longs métrages Harry Potter et le classique du temps des fêtes Love Actually.

Le Canada devra redorer son blason à Paris, car «avec Harper, oui, bien sûr», il avait la réputation d'être un bien mauvais élève en matière d'environnement, a laissé tomber la comédienne oscarisée à l'autre bout du fil.

Et «la responsabilité du Canada est très grande. Le Canada fait partie des pays capitalistes surconsommateurs du Nord. Tout le monde au Canada consomme beaucoup plus que la majorité de la population», a affirmé Mme Thompson.

Le gouvernement libéral débarque à la Conférence de Paris sur le climat (COP21) avec la cible de réduction de gaz à effet de serre (GES) qui avait été fixée par l'ancien gouvernement conservateur: une baisse de 30 pour cent d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005.

«Ils devront changer ça, c'est mou!», s'est exclamée l'actrice, qui milite chez Greenpeace pour faire pression afin de mettre fin aux forages dans l'Arctique et au développement des sables bitumineux et ainsi accentuer le virage vers les énergies renouvelables.

«On dirait qu'ils (les libéraux) veulent garder le statu quo pour éviter une panique économique. Ça me laisse cette impression», a-t-elle suggéré, accusant les conservateurs d'avoir voulu «se défiler» en utilisant 2005 plutôt que 1990 comme année de référence pour établir leur cible.

La ministre fédérale de l'Environnement, Catherine McKenna, a signalé que la cible en question était un «plancher» et promis de faire le point avec les premiers ministres des provinces et des territoires dans les trois mois suivant la COP21.

Le fait que cette rencontre se déroule en grande partie derrière des portes closes et que les Parisiens ne puissent défiler dans les rues - l'état d'urgence promulgué après les attentats du 13 novembre proscrit les rassemblements - rend encore «plus important d'avoir des gens dans les marches dans toutes les autres villes du monde», a plaidé Emma Thompson.

Car le réchauffement climatique, «c'est l'enjeu de notre siècle», et «il faut se réveiller», a tranché l'actrice, qui doit participer l'an prochain à une seconde expédition dans l'Arctique - cette fois, dans l'Arctique canadien - avec l'organisation Greenpeace.

Le départ de la marche qui se tient dimanche à Ottawa est prévu à 13 h 30. Le cortège s'ébranlera à partir de l'hôtel de ville, rue Laurier.