Les négociateurs climat de 195 pays ont fini leurs travaux vendredi à Bonn avec l'approbation d'un texte de négociations, encore imparfait, pour la grande conférence de Paris, la France appelant à « un esprit de compromis » pour parvenir à un accord en décembre.

Illustrant l'urgence à combattre le réchauffement de la terre qui va de pair avec la multiplication de phénomènes extrêmes, le délégué mexicain a lancé un appel émouvant à la tribune de la session de clôture des travaux, alors que l'ouragan Patricia menace son pays.

« Je ne pense pas que j'ai besoin d'en dire plus sur l'urgence d'un accord (sur le climat). Je vous demande à tous de mettre de côté vos différences afin qu'ensemble nous puissions commencer à travailler », a déclaré Roberto Dondisch Glowinski, applaudi par la salle.

Au terme de cette dernière session de travail avant Paris, durant laquelle les discussions ont été difficiles et parfois tendues, les négociateurs ont finalisé un texte mais en le faisant passer de 34 à 55 pages.

Manque de lisibilité

Si le document a pu être endossé par tous, son manque de lisibilité a été critiqué.

« Le texte n'est pas exactement ce que j'avais espéré pour le début de la conférence de Paris », a regretté la négociatrice française, Laurence Tubiana, en séance plénière.

« Si nous voulons transformer ce texte en accord juridique, nous devrons travailler différemment à Paris », a également affirmé le Pérou.

L'accord mondial espéré, sous l'égide de l'ONU, au terme de la COP21 (30 novembre-11 décembre) doit permettre de contenir la hausse du thermomètre mondial sous la barre des +2 °C par rapport au niveau préindustriel.

Réunis durant une semaine, les délégués ont travaillé sur le projet d'accord jusqu'au dernier moment vendredi, assistés de médiateurs appelés à la rescousse.

Les délégations avaient pour mandat de produire un texte concis, présentant clairement les options à trancher à Paris.

La semaine aura permis de clarifier les positions sur quelques points, comme le suivi des engagements nationaux de réduction des gaz à effet de serre (GES). Mais très peu d'avancées ont été constatées sur des chapitres aussi sensibles que le financement des politiques climatiques des pays du Sud par les pays du Nord.

« Nous n'avons pas réellement négocié cette semaine, nous avons clarifié les options, mais nous ne pourrons pas répéter ça la prochaine fois, vous devez être prêts à négocier à Paris dès le premier jour », a martelé l'ambassadrice française.

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a lui salué, dans un communiqué, un texte « plus long mais plus équilibré », soulignant que, comme président de la COP21, il sera « à l'écoute de tous les pays dans un esprit de transparence et de dialogue, avec la ferme intention d'aboutir à un accord ambitieux ».

Colère des pays en développement

Les délégués avaient commencé la semaine avec un texte amputé de propositions-clé, ce qui avait provoqué une bronca des pays en développement, furieux de ne pas y retrouver leurs revendications : par exemple l'objectif de limiter à 1,5 °C le réchauffement mondial, ou encore la garantie du financement de leurs politiques climatiques par les pays riches.

De fait, cette semaine à Bonn aura ravivé la traditionnelle fracture entre pays développés et en développement, qui caractérise les négociations sur le climat depuis deux décennies.

Les pays du Sud, qui rappellent la responsabilité du Nord dans le réchauffement, et qui vont, avec ce futur accord, s'engager pour la première fois à des réductions d'émissions de GES, ont mis la pression pour obtenir des engagements financiers afin de faire face aux impacts du réchauffement.

Sous l'effet des GES issus pour l'essentiel de la combustion d'énergies fossiles, la planète se réchauffe à une vitesse inédite, générant des événements météorologiques extrêmes, la fonte accélérée des glaciers ou encore la montée du niveau des océans.

Les pays développés font valoir que les grands pays émergents peuvent désormais contribuer financièrement. La question des dommages climatiques subis, et de leur compensation, est un autre sujet brûlant.

Autant de divisions qui ne pourront se résoudre qu'au plus haut niveau à Paris.

« Il faudra faire des compromis, mais pas au détriment de l'ambition de l'accord et de l'équité » entre pays, prévient Alix Mazounie du Réseau Action Climat.

La COP21 doit s'ouvrir le 30 novembre en présence de chefs d'État invités à venir donner une « impulsion politique ». Les négociateurs se pencheront ensuite de nouveau sur le texte, avant de passer la main la dernière semaine aux ministres.