L'Allemagne et le Brésil ont annoncé des actions communes pour réduire le réchauffement climatique lors d'une visite éclair jeudi de la chancelière allemande, Angela Merkel, dans ce grand pays sud-américain.

Mme Merkel est arrivée à Brasilia accompagnée de sept ministres et cinq vice-ministres, tablant sur un engagement fort du Brésil en vue de la conférence internationale sur le climat (21 COP) fin novembre à Paris.

« Le Brésil est (un acteur) clé dans l'ensemble des objectifs en matière de climat. Mais c'est aussi la clé pour le maintien de la biodiversité dans le monde, car le Brésil est le pays le plus riche du monde en matière de biodiversité. Et ce qui est détruit ici n'est pas remplaçable », a souligné la chancelière, espérant que l'exemple du Brésil aura un effet domino en Amérique latine et sur d'autres économies émergentes.

Selon des sources du gouvernement allemand, l'Allemagne déboursera 550 millions d'euros dans les deux prochaines années pour combattre la déforestation et promouvoir les énergies renouvelables.

Mercredi, les deux pays ont signé un accord, financé par l'Allemagne, pour protéger certaines zones en Amazonie.

« Nous sommes très satisfaits des progrès faits par le Brésil pour réduire les déboisements », a déclaré Mme Merkel avant de rencontrer son homologue, Dilma Rousseff, au siège de la présidence.

Mme Rousseff a souligné que le changement climatique était « l'un des grands problèmes du XXIe siècle » et a cité certains des objectifs que le pays présentera à l'ONU en septembre avant la COP 21.

« Si nous voulons éviter que la température augmente de deux degrés, notre engagement pour la "décarbonisation" (NDLR : fin des énergies fossiles) à l'horizon de 2100 est très important pour toute la planète », a-t-elle dit, assurant que la déforestation illégale en Amazonie serait éradiquée d'ici à 2030.

L'Allemagne, un important partenaire du Brésil

La visite de la chancelière allemande intervient à un moment délicat pour Dilma Rousseff : sa coalition de centre gauche est secouée par un vaste scandale de corruption autour du géant pétrolier public Petrobras, dans un contexte d'économie au ralenti pour la cinquième année consécutive. Sa popularité est au plus bas, à 8 % seulement.

Mais, malgré la crise, l'Allemagne voit le Brésil non seulement comme un important partenaire commercial mais aussi comme un allié sur la scène politique internationale. Les deux pays font campagne pour une réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, où ils veulent un siège permanent avec le Japon et l'Inde.

La présidente du Brésil a estimé qu'on « ne pouvait reporter » cette réforme pour rendre le Conseil « plus représentatif dans le monde multipolaire dans lequel nous vivons ».

Au cours de la journée, 24 réunions bilatérales de ministres se sont déroulées dans les domaines des sciences, commerce, défense et éducation notamment.

« Les entreprises allemandes veulent et sont prêtes à investir encore plus au Brésil », a déclaré Mme Merkel, demandant des « conditions plus fiables d'investissements » pour ses entrepreneurs.

« Un tiers du commerce avec l'Amérique latine a lieu entre l'Allemagne et le Brésil », a-t-elle dit. En 2014, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 20,4 milliards de dollars, ayant pratiquement triplé depuis 2005, selon la présidence du Brésil.

Près de 1600 entreprises allemandes sont présentes dans la septième économie du monde - le plus grand parc industriel allemand à l'étranger - comme le constructeur automobile Volkswagen, l'entreprise chimique BASF, le géant pharmaceutique Bayer ou le groupe sidérurgique Thyssen-Krupp.

Les entreprises allemandes au Brésil emploient 250 000 personnes et génèrent autour de 12 % du PIB.