Le sous-sol gelé de l'Arctique et de la Sibérie, le pergélisol, représente 25 % des terres émergées de l'hémisphère nord. Son réchauffement constitue une bombe climatique encore méconnue.

Dans leur dernier rapport, les experts du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) de l'ONU notent que la hausse de la température de ces terres, gelées depuis des dizaines de milliers d'années, a été comprise entre +0,5 et +2 degrés Celsius depuis la fin des années 1970. Elle a donc été plus rapide que l'augmentation moyenne à la surface de la Terre.

D'ici 2100, le GIEC juge que le pergélisol (aussi appelé permafrost selon sa traduction anglaise) pourrait perdre jusqu'à 90 % de son étendue.

Or, sa fonte libère quantité de gaz à effet de serre : on estime que le pergélisol contient 1700 milliards de tonnes de carbone, soit deux fois plus que dans l'atmosphère.

Plus le pergélisol se réchauffe, plus le volume de carbone relâché dans l'air croît, mais les connaissances scientifiques sont actuellement limitées à tel point que l'ONU n'intègre pas ce phénomène dans ses modèles de prévisions.

Si le GIEC juge que dans le pire scénario du réchauffement, la température moyenne de la surface du globe aura augmenté de 4 ou 5 degrés Celsius en 2100, le spécialiste français du domaine Florent Domine (du laboratoire arctique Takuvik du CNRS et de l'Université Laval à Québec) avertit que la hausse pourrait en fait atteindre 8 degrés.

Plus le sol se réchauffe, plus la végétation se développe et participe à l'accélération de la fonte. La dégradation du carbone autrefois gelé augmente alors, produisant d'autant plus de dioxyde de carbone et de méthane.

Le réchauffement de l'Arctique entraîne parallèlement l'effondrement d'hectares de sol, ce qui pose déjà problème aux infrastructures du Grand Nord. Les fondations des maisons et pistes d'atterrissage des Inuits canadiens doivent par exemple être renforcées, car rendues instables.