Les négociations internationales en vue d'un accord à Paris en 2015 pour contenir le réchauffement climatique ont repris lundi à Bonn (Allemagne), une étape destinée à débroussailler le chemin et éviter l'enlisement des discussions comme à Copenhague en 2009.

Lors du sommet de l'ONU en septembre à New York, «la mobilisation sans précédent de la société civile nous a rappelé haut et fort que nous devons nous attaquer au changement climatique», a déclaré à l'ouverture des travaux Christina Figueres, la secrétaire générale de la Convention des Nations unies sur le changement climatique (CNUCC), qui encadre ces négociations.

Elle a également mis en avant «les annonces ambitieuses d'entreprises, d'institutions financières et de gouvernements locaux» faites à l'ONU pour se détourner des énergies fossiles, responsables des émissions de gaz à effet de serre (GES), et aller vers des économies plus sobres en énergie.

À New York, 120 chefs d'État avaient réaffirmé leur soutien à une action concertée et ambitieuse.

«Cette semaine est une opportunité pour tendre la main à vos homologues, construire des ponts et trouver un chemin que chacun pourra suivre», a également lancé Christina Figueres.

Les délégations de plus de 190 pays sont réunies de lundi à samedi à Bonn pour progresser vers un accord prévu en 2015, engageant tous les pays à partir de 2020 dans la lutte contre le changement climatique.

Bonn est une réunion d'étape qui doit préparer la conférence annuelle de l'ONU sur le climat prévue en décembre à Lima, où les grandes lignes du futur texte doivent être arrêtées.

La méthode vise à éviter l'échec de 2009 à Copenhague où les pays avaient mis sur la table de multiples textes sans pouvoir se mettre d'accord à l'issue de deux semaines de négociations.

«J'ai vécu la préparation de Copenhague, jusqu'à la dernière minute il n'y avait pas de sens partagé sur la direction des négociations», se souvient Paul Watkinson, négociateur pour la France. «Les grands éléments du texte doivent se dessiner bien avant Paris», ajoute-t-il.

Rester sous le seuil de 2 °C 

«La COP (Conference of parties) de Lima doit se conclure par un texte avec des éléments clairs, constructifs et substantiels, pas seulement une liste d'idées», a déclaré lundi à Bonn Manuel Pulgar-Vidal, le ministre péruvien de l'Environnement.

Dans cet esprit, de nombreuses réunions à Bonn aborderont l'un des noeuds des discussions: la nature et l'ampleur des engagements de chaque pays pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (année de référence, baisse absolue ou par habitant, etc.) à partir de 2020. L'évaluation des contributions nationales pour limiter la hausse de la température globale à 2 °C et le suivi des engagements dans le temps doivent aussi faire l'objet de règles communes.

Les actions et les financements à mettre en oeuvre par un certain nombre de pays avant 2020 seront également sur la table, un sujet suivi de très près par les pays en voie de développement.

Enfin, la capture et le stockage du carbone, une des pistes pour réduire les émissions, ainsi que l'impact des gaz à effet de serre (hors CO2), comme le méthane et les hydroflurocarbones (HFC), seront aussi débattus.

Les experts du GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat), dans leur dernier rapport publié en avril, estiment qu'il faut d'ici 2050 réduire les émissions de GES de 40 à 70 % pour espérer freiner le rythme actuel du réchauffement climatique et rester sous la barre des 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle, seuil fixé par la communauté internationale.

La température moyenne du globe a déjà gagné 0,8 °C par rapport au 19e siècle et, en l'absence de changements radicaux dans la production d'énergie notamment, les scientifiques prévoient une hausse de 4 à 5 °C d'ici la fin du siècle, ce qui provoquerait «des impacts graves et irréversibles», selon le GIEC.

Selon l'Agence américaine océanographique et atmosphérique (NOAA), septembre 2014 a d'ailleurs été le mois de septembre le plus chaud du monde depuis le début des relevés de température en 1880.