La commissaire à l'environnement et au développement durable du Canada, Julie Gelfand, affirme que le gouvernement conservateur ratera presque certainement la cible fixée en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020.

Et non seulement le Canada a-t-il failli à mettre en place des règlements pour limiter la quantité de dioxyde de carbone produite par l'industrie du pétrole et du gaz, le secteur qui connaît la plus forte croissance, le gouvernement n'a «pas de plan global indiquant les étapes qui permettraient d'atteindre ce but», a souligné la commissaire.

En vertu de l'Accord de Copenhague, que le gouvernement Harper a signé plutôt que de participer au Protocole de Kyoto, il s'était engagé à réduire la production de gaz à effet de serre d'ici 2020, la ramenant à 17% par rapport aux niveaux de 2005.

Les prédécesseurs de Mme Gelfand avaient déjà prévenu en 2012 que le gouvernement ne serait pas en mesure d'atteindre ses objectifs, et, «deux ans plus tard, la preuve est encore plus évidente que la croissance des émissions ne sera pas renversée à temps et que son engagement ne sera pas respecté», est-il écrit dans le rapport.

«Je crois que lorsque l'on prend un engagement, on doit le respecter», a déclaré Mme Gelfand en point de presse. «Il est très difficile pour nous au Canada de s'attendre à ce que les autres pays respectent leurs engagements quand le Canada ne le fait pas».

Le gouvernement a formulé des règlements pour le secteur automobile et celui du transport, qui constituent la plus grande source d'émissions, de même que pour la production d'électricité.

Mais la commissaire précise que même si des règlements sont en place pour les centrales thermiques à charbon, les émissions n'ont pas encore été réduites, car les «normes de rendement vont être en vigueur seulement en juillet 2015 et s'appliqueront uniquement aux nouvelles centrales. En ce qui concerne celles qui sont déjà construites, les normes s'appliqueront seulement à ces centrales lorsqu'elles atteindront leur fin de vie utile».

Se servant des données d'Environnement Canada, la commissaire a estimé que d'ici 2020, les émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs pétrolier et gazier seront de 27 mégatonnes de plus qu'en 2012. Il s'agit de la plus grande augmentation, tous secteurs confondus.

Mme Gelfand a aussi relevé que des règlements envisagés, forts détaillés, languissent sur le bureau du ministre de l'Environnement, mais que le «fédéral les a consultés seulement en privé, se servant surtout d'un petit groupe de travail composé d'une province et de représentants sélectionnés de l'industrie».

Des représentants du fédéral ont déclaré à la commissaire que la mise en oeuvre des règlements a été retardée en raison «de préoccupations liées au fait que ces règlements pourraient faire en sorte que les entreprises canadiennes seraient moins concurrentielles que celles des États-Unis», est-il rapporté.

La ministre de l'Environnement Leona Aglukkaq a déclaré à la Chambre des communes que les émissions de gaz à effet de serre sont de 130 mégatonnes de moins qu'elles ne l'auraient été sous les libéraux, mais elle n'a pas expliqué comment elle a calculé ce chiffre.

Elle a ensuite fait valoir les restrictions imposées par son gouvernement aux émissions du secteur automobile et de l'électricité.

«Ces initiatives s'ajoutent à nos accomplissements qui sont déjà impressionnants», a-t-elle conclu.

Mais le porte-parole du Parti libéral en matière d'Environnement, John MacKay, a déclaré qu'il est évident que le gouvernement n'est pas sérieux lorsqu'il parle d'imposer des règlements au secteur énergétique, du moins pas avant que les élections ne soient loin derrière lui.

«Les Canadiens sont vraiment dans l'erreur s'ils pensent que ce gouvernement a la moindre intention de même essayer d'atteindre des cibles d'émissions de gaz à effet de serre, et encore moins de se joindre au royaume des nations civilisées», a-t-il ajouté.

L'on peut également lire dans le rapport que les échéanciers pour mettre en place les mesures de réduction n'ont pas été respectés et que peu de consultations ont été faites avec les provinces pour déterminer comment atteindre les cibles nationales.

Le gouvernement a reçu une bonne note pour sa surveillance du développement des sables bitumineux de l'Alberta, mais Mme Gelfand a déclaré que plus d'efforts doivent être faits pour consulter les Premières Nations et pour intégrer les connaissances traditionnelles de surveillance écologique à celles utilisées par Environnement Canada.

Mais elle avise d'ores et déjà que les plans pour poursuivre la surveillance du projet après mars 2015 ne sont pas clairs.