Le lien entre le réchauffement climatique causé par l'homme et cinq canicules en 2013 a été établi pour la première fois par des scientifiques qui ne concluent pas pour autant à la responsabilité humaine dans tous les événements météorologiques extrêmes.

Ces climatologues n'ont ainsi pas pu établir l'influence humaine dans la grande sécheresse qui sévit actuellement en Californie, souligne cette recherche de l'Agence américaine océanographique et atmosphérique (NOAA) publiée lundi.

Quelque 92 experts issus de 14 pays ont analysé au total 16 événements climatiques extrêmes, pluies torrentielles, inondations, sécheresses, canicules et tempêtes.

«Le Japon, la Corée et la Chine ont connu des étés extrêmement chauds en 2013. Les études portant sur ces événements montrent que le changement climatique causé par l'homme ont rendu ces vagues de chaleur plus probables», ont noté les scientifiques.

«Les résultats des études menées sur les vagues de chaleur en 2013 sont frappants car cinq groupes de scientifiques ont conclu que les probabilités d'observer de tels extrêmes dans le monde sans réchauffement climatique est quasiment impossible», a souligné Peter Stott, un météorologue du Met Office Hadlet Centre au Royaume-Uni, un des co-auteurs.

D'autres éléments mis en avant démontrent également que ces changements climatiques dus à l'homme accroissent le risque de voir des pluies centennales, comme l'Inde en a connues en juin 2013, ajoute le rapport.

La combustion de charbon ou d'hydrocarbures, l'une des principales causes du réchauffement climatique, a aussi joué «un rôle substantiel dans l'été sec et chaud qu'a connu l'Europe de l'Ouest en 2013», notent encore les chercheurs.

Le fait que plusieurs groupes de scientifiques qui se sont appuyés sur des méthodes indépendantes parviennent aux mêmes conclusions souligne de manière plus flagrante l'influence de l'activité humaine sur les événements climatiques extrêmes.

Mais le réchauffement dû à l'homme ne permet pas d'expliquer tous ces événements. Ainsi, dans le cas de la sécheresse sans précédent qui sévit depuis plus de deux ans en Californie, trois groupes de climatologues américains ont conclu que «les facteurs humains dans le climat n'ont eu aucune influence sur le manque de précipitations».

Un de ces groupes a constaté une pression atmosphérique très élevée dans cette région liée au réchauffement et qui pourrait expliquer le la faiblesse des pluies en hiver, une situation qui pourrait entraîner 2,2 milliards de dollars de pertes dans l'agriculture californienne, selon un récent rapport.

Marty Hoerling, un scientifique de la NOAA, a noté que ces modifications atmosphériques liées au changement climatique se produisent partout ailleurs sans entraîner systématiquement de tels effets sur les précipitations.

Variations naturelles du climat

Ainsi globalement l'influence humaine dans la sécheresse en California demeure «incertaine» concluent les chercheurs.

Sur les seize événements climatiques extrêmes en 2013 étudiés dans ce rapport, la moitié a été attribuée à des variabilités naturelles du climat et non à l'influence du réchauffement comme la vague de froid extrême au printemps 2013 au Royaume-Uni dû à l'oscillation nord-atlantique. Il s'agit de la circulation des courants atmosphériques au-dessus de l'océan Atlantique.

Les scientifiques citent aussi le cyclone Christian particulièrement puissant qui a frappé le nord de l'Allemagne en octobre 2013.

Un autre phénomène climatique naturel a aussi été le principal facteur derrière les fortes chutes de neige inhabituelles dans les Pyrénées entre janvier et juin 2013, selon ces climatologues.

Quand l'impact des activités de l'homme n'a pas pu être clairement établi dans un événement climatique, cela peut signifier que la  contribution humaine n'a pas pu être distinguée de la variabilité naturelle du climat, notent en outre ces scientifiques.

Ce rapport d'une centaine de pages de la NOAA, intitulé «Expliquer des événements météorologiques extrêmes de 2013 d'un point de vue climatique», est publié par le Bulletin de la société météorologique américaine (BAMS).