Plus de 1000 entreprises et 73 pays sont favorables à un système permettant de faire payer la pollution au CO2 via une taxe carbone ou un système de quotas échangeables, indique la Banque mondiale (BM) lundi.

«En soutenant [la fixation d'] un prix sur le carbone, les dirigeants à travers le monde et les entreprises s'unissent pour envoyer un message fort», a estimé le président de la BM, Jim Yong Kim, à la veille d'un sommet sur le changement climatique à l'ONU et au lendemain de manifestations d'envergure à travers le globe.

Cette coalition, qui pèse pour plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, compte notamment la Chine, l'Union européenne et la Russie, et regroupe de grands noms de l'industrie et des services (BP, Statoil, Pfizer, ArcelorMittal, Allianz, etc), selon le communiqué de la BM.

«Quand nous avons commencé à parler avec les gouvernements et les entreprises, il y a eu beaucoup d'hésitations», a précisé M. Kim lors d'une conférence téléphonique.

Certaines réserves n'ont toutefois pas pu être surmontées. Les États-Unis - plus gros consommateurs de pétrole au monde - ne figurent ainsi pas sur cette liste dont sont également absentes de grandes entreprises pétrolières (Exxonmobil, ConocoPhillips, Chevron, Total, etc).

Désigné par l'administration Obama, M. Kim s'est félicité que certains États américains (Californie, Washington, etc) soient signataires et a assuré que le président américain était personnellement «très favorable» à la démarche dévoilée lundi.

Interrogé sur la réticence américaine à s'y associer pleinement, M. Kim a toutefois répondu: «C'est une bonne question, mais vous devriez leur poser directement».

Interrogé par l'AFP, le Trésor américain n'a pas réagi dans l'immédiat.

Selon le communiqué, les signataires de cet appel ne dévoilent pas quel système ils appellent de leurs voeux afin de fixer un prix sur la pollution au carbone.

Des «propositions» plus précises seront formulées après la réunion de l'ONU mardi et d'ici au prochain sommet sur le réchauffement climatique prévu en 2015 à Paris, assure le communiqué.

Pour l'heure, la Banque mondiale se contente d'évoquer plusieurs options, dont une taxe sur les émissions de CO2 ou un système de quotas échangeables dans lequel les entreprises achètent un droit à polluer.

Un tel système est en vigueur dans l'Union européenne depuis 2005, mais il a connu de nombreux trous d'air liés à un effondrement du cours de la tonne de CO2 et à des escroqueries de grande ampleur.

«Nous n'avons pas d'opinion tranchée sur la voie qui doit être choisie. Mais nous avons une opinion tranchée sur le fait que cela doit être fait», a  déclaré Rachel Kyte, vice-présidente de la BM pour le changement climatique.

«Si on passe à l'action rapidement, les possibilités seront plus grandes d'orienter l'investissement vers une croissance plus verte et de réduire l'exposition au carbone», a-t-elle ajouté.

Depuis plusieurs mois, la Banque mondiale tente de prendre le leadership sur le climat et met en garde contre les ravages économiques que provoquerait une hausse du thermomètre mondial de 4°C au cours du siècle.