En cessant d'augmenter nos émissions de gaz à effet de serre (GES), on peut encore, en théorie, éviter une grande part des impacts négatifs, voire catastrophiques, qui surviendront d'ici la fin du siècle avec le réchauffement climatique.

C'est l'une des conclusions du plus récent rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), rendu public hier à Yokohama, au Japon.

Le rapport est le deuxième tome de ce cinquième cycle de recherche. Il porte sur les vulnérabilités, les impacts et les adaptions relatifs aux changements climatiques. Le premier tome, paru en septembre, portait sur les observations et les prédictions. Le troisième et dernier tome, qui devrait paraître dans deux semaines, fera le point sur les moyens de réduire les émissions de GES.

Si les chercheurs saluent les progrès de la science en matière d'adaptation, ils soulignent à quel point ce serait préférable de prévenir les dommages.

Car les dommages se précisent. «La probabilité d'impacts graves, étendus et irréversibles s'accroît avec l'intensification du réchauffement», note le rapport.

On prévoit que la demande en nourriture doublera d'ici 2050, mais que les rendements seront perturbés dans plusieurs régions par le réchauffement, les sécheresses et les autres extrêmes climatiques.

On craint pour la sécurité alimentaire mondiale, l'accès à l'eau, la hausse des océans et les conflits qui pourraient résulter de toutes ces pressions.

Agir rapidement

Mais il est encore temps d'éviter le pire en agissant vite, affirme la climatologue Rachel Warren, professeure à l'Université East Anglia, chercheuse au centre Tyndall et l'une des auteures principales du rapport onusien.

«On peut éviter une portion significative des dommages en réduisant les émissions rapidement», a-t-elle expliqué à La Presse, en entrevue téléphonique depuis Londres.

Le rapport du GIEC reprend les travaux de Mme Warren, qui a voulu comparer les impacts négatifs de différents scénarios, où on intervient plus ou moins vigoureusement et rapidement pour réduire les émissions de GES.

Un des scénarios utilisés par Mme Warren, dans lequel les émissions mondiales de GES diminuent à partir de 2016, est déjà dépassé, reconnaît-elle. «Nous avons commencé nos calculs il y a sept ans», explique-t-elle.

«Mais ça ne change rien au message: c'est beaucoup plus efficace si la diminution commence en 2020 qu'en 2030.»

Cependant, même pour 2020, concède-t-elle d'emblée, il n'y a «malheureusement aucune volonté politique» pour faire diminuer les émissions à partir de cette année.

«Mais en même temps, il y a une volonté exprimée de limiter le réchauffement à 2 degrés, et cela implique ce type d'action», dit-elle.