Pour certains, il y a urgence d'agir pour protéger l'environnement et tous les moyens, ou presque, sont bons pour éveiller la conscience de la population. Le militant de Greenpeace et Montréalais Alexandre Paul, rentré au Québec vendredi après avoir croupi dans une prison russe pendant des semaines, est de ceux-là.

Mais pour d'autres, la nécessité de laisser libre cours au développement économique justifie la présence de risques de catastrophes environnementales.

Le géophysicien Reynald Du Berger est du nombre. Il estime que les coups d'éclat de Greenpeace n'ont pas leur raison d'être et reproche au groupe écologiste d'avoir une attitude «alarmiste».

À la mi-septembre, Alexandre Paul et 29 autres personnes ont été arrêtés à bord du brise-glace de Greenpeace International, l'Arctic Sunrise. Ils tentaient d'escalader une plateforme de forage du géant russe Gazprom pour attirer l'attention sur les risques environnementaux liés à ce genre d'activité dans l'Arctique.

Des agents armés de la Garde côtière russe ont arraisonné leur bateau et les militants, accusés de piraterie puis de hooliganisme, ce qui aurait pu leur valoir jusqu'à sept ans d'emprisonnement, ont été incarcérés pendant environ deux mois.

La direction de Greenpeace et les proches d'Alexandre Paul ont dénoncé avec véhémence l'inaction du gouvernement conservateur dans le dossier, mais pour certains, les manifestants qui se prêtent volontairement à ce type d'actions devraient en assumer les risques.

«Il ne faut pas considérer la Terre comme un organisme vivant qui respire, qui a un coeur qui bat (...) mais plutôt comme un environnement bénéfique au bonheur de l'homme et qu'il faut protéger bien sûr, mais pas à n'importe quel prix», soutient M. Du Berger, qui a enseigné la géophysique à l'UQAC.

Selon lui, les groupes écologistes exagèrent lorsqu'ils exigent que l'exploitation des ressources naturelles ne présente aucun risque pour l'environnement.

«Le risque zéro, dans le développement de projets gazier, pétrolier ou minier, c'est impossible», indique le professeur à la retraite.

Les militants de Greenpeace ont bénéficié de la grâce du président russe, Vladimir Poutine, en même temps que l'ancien magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski et les membres du groupe punk Pussy Riot, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina.

De nombreux observateurs jugent toutefois qu'il s'agit d'une manoeuvre du Kremlin pour faire taire les critiques concernant la piètre performance de la Russie en matière des droits de la personne à l'approche des Jeux olympiques de Sotchi, qui auront lieu en février 2014.