Les Canadiens affirment être prêts à payer un peu plus cher pour certaines factures énergétiques si cela peut servir à combattre les changements climatiques.

C'est un des aspects qui ressortent d'un sondage effectué par Léger pour le compte d'un universitaire montréalais et de l'organisme Canada 2020, un groupe de réflexion aux affinités libérales.

«Les gens ont peur d'une taxe, mais on peut réduire leur niveau de peur en leur disant exactement combien ça leur coûterait», affirme Érick Lachapelle, professeur au département de science politique de l'Université de Montréal.

«La certitude des prix est importante pour les gens et aussi, d'ailleurs, pour les entreprises, poursuit-il. Le niveau d'acceptation augmente encore plus quand on leur dit où va aller l'argent de cette taxe.»

Par exemple, l'idée de taxer tous les types de carburants fossiles divise les Canadiens: 47% sont pour et 47% sont contre. Mais si on spécifie que le coût serait de 15$ par mois, l'appui augmente à 57% et l'opposition diminue à 40%.

Cependant, l'idée de taxer l'essence demeure impopulaire, même si on spécifie que le coût reviendrait à 7 cents le litre.

Sondages simultanés

Le sondage canadien conçu par M. Lachapelle a été réalisé en même temps qu'un autre sondage aux États-Unis, ce qui permet d'observer certaines différences dans les perceptions quant au problème des changements climatiques.

Néanmoins, des deux côtés de la frontière, une forte majorité de gens croient qu'il y a des «preuves solides» que la température moyenne sur terre s'est réchauffée depuis les quatre dernières décennies. Et des deux côtés de la frontière, une majorité de gens attribuent ce réchauffement à l'activité humaine, notamment l'utilisation de carburants fossiles.

Mais la majorité est plus forte au Canada (58%) qu'aux États-Unis (40%). Dans ce pays, 21% des répondants blâment des cycles naturels et 36%, une combinaison des deux causes.

Taxe carbone

Les différences entre les deux pays sont frappantes quand on commence à parler de solutions, en particulier de taxe carbone ou de taxe sur l'essence. Si, à la limite, ces solutions peuvent passer au Canada, elles sont carrément rejetées aux États-Unis.

M. Lachapelle souligne que les sondages contredisent le discours officiel, tant au Canada qu'aux États-Unis, selon lequel il ne faut pas signer un accord international sur le climat avant d'autres pays, en particulier la Chine.

Dans les deux pays, pour une majorité de répondants, l'absence de la Chine ne devrait pas être un empêchement. C'est peut-être parce qu'une majorité dans les deux pays croit que les «pays riches ont une obligation morale de faire preuve de leadership en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre».

Kyoto

Par ailleurs, les sondages nous en apprennent beaucoup sur les limites d'un débat public éclairé sur la question.

Une majorité de Canadiens et d'Américains sont dans l'erreur ou l'ignorance quant à un détail important. On leur a demandé si leur pays faisait partie du protocole de Kyoto.

Au Canada, seulement 41% des répondants ont eu la bonne réponse: non. Aux États-Unis, seulement 27% ont bien répondu: non.

Sondage canadien réalisé par Léger, par téléphone filaire et mobile, entre le 10 et le 20 octobre, auprès de 1502 adultes. Marge d'erreur de 2,5%, 19 fois sur 20. Sondage américain réalisé par le Mulhenberg College Institute of Public Affairs, par téléphone filaire et mobile, entre le 3 et le 14 octobre, auprès de 984 adultes. Marge d'erreur de 3,5%, 19 fois sur 20.