Peut-on encore douter du rôle de l'homme dans le réchauffement? La montée des océans s'accélère-t-elle? Doit-on s'attendre à davantage de vagues de chaleur? Les experts du climat livreront dans un mois un nouveau diagnostic très attendu alors que la lutte contre le réchauffement patine depuis 2009.

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), avec son cinquième rapport qui sera publié en quatre temps jusqu'en octobre 2014, va livrer l'état des lieux le plus complet et le plus actualisé sur l'ampleur et les impacts attendus du réchauffement.

Il devrait confirmer la responsabilité de l'homme, mais devrait aussi revoir à la hausse les projections sur la montée attendue du niveau de la mer, selon une version provisoire obtenue par l'AFP.

Le dernier rapport du Giec remonte à 2007 et avait alors valu à cet organe scientifique, créé en 1988 sous l'égide de l'ONU, le Prix Nobel de la Paix en compagnie d'Al Gore.

Ce rapport avait suscité une mobilisation sans précédent autour du réchauffement climatique à Copenhague fin 2009. Mais l'échec de ce sommet a durablement plombé des négociations internationales désormais tournées vers 2015, date à laquelle est promis un nouvel accord ambitieux qui permettrait de contenir la hausse du thermomètre sous les 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Dans un mois, le Giec dévoilera la première partie de son nouveau rapport, sur les aspects scientifiques du réchauffement. Les deux volets suivants (sur les impacts attendus et les moyens de les atténuer) suivront au printemps 2014 avant une synthèse globale en octobre 2014.

Ces travaux sont appelés à nourrir les négociations internationales vers l'accord attendu fin 2015 au cours d'une conférence qui devrait avoir lieu à Paris.

Avant sa présentation officielle à la presse le 27 septembre à Stockholm, le premier volet sera validé lors d'une conférence dans la capitale suédoise (23-26 septembre) réunissant les scientifiques, mais aussi des représentants des 195 pays membres du Giec.

Une «pause» dans le réchauffement

Cette approbation plus «politique», au terme d'un processus impliquant 250 scientifiques, soulève régulièrement des critiques sur un éventuel manque d'indépendance du Giec. Mais cette adoption formelle «permet le succès et la visibilité du rapport et son utilisation effective par les gouvernements», estime le climatologue français Jean Jouzel, vice-président du groupe scientifique du Giec. «La forme du rapport peut être modifiée, mais pas son contenu», assure-t-il à l'AFP.

Le climatologue américain Michael Mann, directeur du Centre des sciences de la Terre à l'Université de Pennsylvanie, redoute néanmoins une version finale plus édulcorée. «Les scientifiques qui participent à l'élaboration du rapport du GIEC pourraient craindre, s'ils sont trop brutaux quant aux impacts futurs du réchauffement, de déchaîner les attaques des climato-sceptiques», note-t-il.

En réponse aux critiques, le Giec a aussi réformé certaines procédures pour éviter les erreurs, comme celle commise dans le dernier rapport concernant la disparition possible des glaciers de l'Himalaya d'ici 2035. «On va tout faire pour ne pas faire d'erreur stupide, mais le risque n'est pas zéro...», convient Jean Jouzel.

Sur le fond, cette synthèse confirmera ce que les climatologues disent depuis des années, et d'abord que la température moyenne continue de se réchauffer sur terre comme en mer, avec déjà près de 0,9°C d'augmentation depuis le début du XXe siècle.

Des études récentes ont estimé que les politiques menées actuellement par les pays préparent la planète à un réchauffement de 3 à 5°C environ.

L'existence d'une «pause» dans la hausse des températures depuis quinze ans ne remet pas en cause les projections à long terme, a précisé récemment le Met Office britannique. Ce phénomène pourrait s'expliquer par plusieurs facteurs, dont une absorption accrue de chaleur par les océans profonds.

Le Giec rappellera ainsi que les autres indicateurs du réchauffement ne s'essoufflent pas, comme la hausse du niveau de la mer, la fonte des glaces en Arctique ou la fréquence des vagues de chaleur.