Les dommages causés par les inondations seront six fois plus grands en 2050 si le niveau de la mer augmente de 20 cm, et 35 fois plus grands s'il grimpe de 40 cm.

Ce calcul d'économistes de la Banque mondiale est le premier à quantifier les effets sur les inondations du réchauffement de la planète. Publiée dimanche dans la revue Nature Climate Change, leur étude appelle à une hausse des investissements en matière de protection contre les inondations.

«Il faut préserver les milieux naturels côtiers, augmenter la hauteur des digues et la puissance des pompes, déterminer quelles zones sont trop coûteuses à protéger et y interdire d'autres constructions, et prévoir des plans d'évacuation et d'aide au cas où les protections contre les inondations ne soient pas adéquates», explique Stéphane Hallegatte, joint à Washington. Avec une protection adéquate, les pertes de Montréal ne sont pas plus élevées qu'en l'absence de l'effet de serre.

Les hausses du niveau de la mer utilisées dans l'étude sont plus élevées que ce qui est prévu dans le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'organisme de l'ONU qui analyse le réchauffement de la planète. Ce rapport, publié en 2007, prévoyait une hausse de 28 à 43 cm d'ici 2100. «Mais immédiatement après sa publication, on s'est rendu compte que les glaciers, notamment celui du Groenland, fondaient plus vite que prévu, dit M. Hallegatte. Les études publiées depuis sont compatibles avec nos deux scénarios. Nous nous attendons à ce que le prochain rapport du GIEC, qui sera publié le mois prochain, soit similaire.»

Les pertes mondiales sont concentrées dans 4 des 136 villes analysées: Miami, New York, La Nouvelle-Orléans et Guandong, en Chine. «Souvent, la hausse du niveau de la mer est exacerbée par la subsidence des terres, par leur mouvement vers le bas parce que les sédiments se tassent, explique M. Hallegatte. Le pompage de l'eau ou, dans le cas de La Nouvelle-Orléans, du pétrole augmente la subsidence. Dans plusieurs cas, la subsidence est plus importante que la hausse du niveau de la mer.» 

À Montréal, par contre, il y a peu de subsidence parce que la région était jusqu'à relativement récemment couverte par les glaciers, donc, elle «rebondit» parce qu'elle ne supporte plus le poids des glaces.

Les économistes de la Banque mondiale ont utilisé trois modélisations des dommages des inondations, testées à Copenhague pour une étude publiée en 2011. Une dizaine de bases de données étaient mises à profit pour chaque ville, dont la topographie, les protections côtières et la valeur du patrimoine par habitant.